Au lendemain des attaques du 11 septembre 2001 aux États-Unis, la réaction des états de la planète a été aussi rapide que lapidaire. De présumés terroristes ont été emprisonnés; les libertés politiques restreintes; les législations antiterroristes adoptées. La peur a envahi le quotidien des gens ordinaires, en particulier ceux qui n’étaient pas d’accord avec les politiques en vigueur, les communautés immigrantes et les défenseurs des droits de la personne et des libertés civiles. Mais c’est aussi à la même époque que les partisanes et les partisans de la justice sociale au Canada ont connu un moment de gloire avec la création de la Coalition pour la surveillance internationale des libertés civiles (CSILC).
Il s’agissait d’abord d’une riposte au nouveau programme de sécurité nationale accrue. La CSILC a remis en question l’incompatibilité présumée entre sécurité et droits de la personne et l’adoption de législations et de politiques visant à restreindre l’opposition politique, les libertés civiles, les droits des personnes réfugiées et les libertés personnelles au nom de la sécurité. La CSILC a prôné une approche axée sur la collaboration, la coopération et la solidarité. Ensemble, les organisations membres pouvaient remettre l’injustice en question et s’y opposer; seules, elles se sentaient paralysées et contraintes par la crainte de répercussions possibles. Aujourd’hui, la CSILC regroupe trente-huit associations de la société civile concernées par les violations des droits de la personne au Canada soi-disant au nom de la sécurité. Outre Inter Pares, on y dénombre Amnesty International, le Congrès du travail du Canada, le National Anti-Racism Council of Canada, PEN Canada et la Muslim Civil Liberties Association.
La CSILC a compté parmi les intervenants de la Commission Arar qui a examiné les actions de la GRC et du SCRS au sujet de la restitution extraordinaire de Maher Arar et qui préconise à l’heure actuelle la mise en œuvre des recommandations résultant de l’enquête. La CSILC s’est engagée publiquement dans la demande de rapatriement d’Omar Khadr, un citoyen canadien et ancien enfant soldat détenu à Guantanamo Bay, et celle d’Abousfian Abdelrazik, un citoyen canadien que le Canada a fait arrêter au Soudan pour liens présumés avec des terroristes et à qui l’on avait refusé un passeport pour rentrer chez lui bien que le Service canadien du renseignement de sécurité et la Gendarmerie royale du Canada l’aient lavé de tout soupçon. La CSILC suit de près les listes de surveillance, les contrôles frontaliers, les permis de conduire Plus et le respect par le Canada des droits de la personne. En tout état de cause, c’est grâce à la solidarité qui les unit que les membres de la grande famille de la CSILC peuvent remettre en question l’érosion des droits, des libertés et des libertés civiles.
Il pleut toujours à verse et nous amorçons une discussion animée sur ce que les nonnes et les moines ont vécu jusqu'ici en Thaïlande. Ils ont visité plusieurs types d'école – de la méthode Montessori jusqu'aux approches plus classiques – et sont impressionnés. « Ce que nous avons constaté, déclare un moine d'âge mûr, c'est que l'éducation est plus holistique ici, et qu'il est plaisant et amusant d'apprendre. Les écoles d'ici incitent les enfants à prendre leur éducation en main plutôt que de rester passifs et d'apprendre les choses par cœur. Cela nous intéresse beaucoup. »
Les moines racontent qu'en Birmanie, bien des parents n'ont pas les moyens d'envoyer leurs enfants dans les écoles publiques et que l'éducation est de piètre qualité. La plupart des enseignantes et des enseignants n'ont pas reçu de formation et il y a peu de ressources pédagogiques ou de livres. Le régime militaire consacre à l'éducation moins d'un dollar par année pour chaque élève. Seule une minorité termine le secondaire et encore moins de jeunes obtiennent un diplôme universitaire. C'est une génération tout entière qui est privée d'éducation.
Tisser des liens de solidarité et faire cause commune, comme c’est le cas au sein de la CSILC, sont essentiels à l’approche d’Inter Pares, au Canada et dans le monde. Nous cherchons à bâtir des partenariats authentiques fondés sur l’égalité, le respect et la diversité avec des personnes et des groupes qui partagent notre point de vue selon lequel le monde des privilèges et du pouvoir s’édifie souvent sur la peur et une certaine représentation de l’« Autre », qu’un monde plus juste nécessite la transformation des structures inégales du pouvoir socio-politique et que le changement peut et doit avoir lieu. À nos yeux, le rôle que nous jouons en tant qu’organisation canadienne, parmi nos partisanes, nos partisans et le public canadien, auprès de notre gouvernement et dans le cadre de coalitions nationales et internationales pour la solidarité mondiale, est également important.
La solidarité est créatrice, novatrice et remet en question la politique de la peur. Cela signifie contribuer financièrement au combat pour le changement. Cela signifie aussi savoir écouter le point de vue de nos homologues et exprimer notre avis et nos opinions en toute honnêteté. Bien souvent, particulièrement en matière de coopération internationale, les partenariats sont caractérisés par le paternalisme Nord-Sud et l’appropriation du travail des acteurs locaux qui empêchent la véritable prise en main des activités à l’échelon local. Le besoin de justifier de la valeur ajoutée de son action encourage les stratégies de type commercial, la concurrence et le territorialisme par opposition à la collaboration où succès et défis sont mis en commun.
Être solidaire c’est témoigner de l’injustice du monde et s’élever contre l’intolérance et la complaisance; c’est aussi témoigner de notre humanité et de notre foi en ce monde; c’est enfin partager ces histoires du quotidien qui nous frappent tant elles sont un défi à la peur; c’est surtout résister à l’envie de peindre les gens à l’aide de la palette triste et sombre du désespoir qui réduit d’autant notre humanité.
Après trente-cinq ans d’action, Inter Pares et ses homologues ont beaucoup appris sur l’œuvre commune pour la paix et la justice. Chemin faisant, nous avons eu le privilège de prendre part à des réussites durables et sources d’inspiration. C’est pourquoi nous sommes particulièrement fiers de compter au nombre des cofondateurs de la CSILC, un bel exemple de justice sociale.
Tisser des liens de solidarité et faire cause commune, comme c’est le cas au sein de la CSILC, sont essentiels à l’approche d’Inter Pares, au Canada et dans le monde.