La vérité sur l’accaparement des terres en Afrique de l’Ouest

Nouvelles : Analyses

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Agricultrice de Guinée-Bissau
Une agricultrice à qui on a retiré sa terre : village de Sare Djae en Guinée-Bissau. Crédit: Amine Boulhian

À qui appartient la terre? L’État dira « elle est à nous » en vertu de la loi. Les grandes sociétés diront « elle est à nous » en vertu du contrat d’exploitation qu’elles détiennent. Les collectivités diront « elle est à nous » parce qu’il y a des générations qu’elles vivent sur cette terre, qu’elles en prennent soin et qu’elles la cultivent.

- Alphonse Yombouno, chercheur, Guinée

Dans toute l’Afrique, la ruée vers les terres et les ressources s’accélère, et la liste des dégâts s’allonge : agriculteurs chassés de leurs terres ainsi que vaines promesses d’emplois et de développement local.

Mais les collectivités ne se laissent pas faire. En 2009, la Coalition pour la protection du patrimoine génétique africain (COPAGEN), formée de 180 organisations paysannes de neuf pays d’Afrique de l’Ouest, a tenu une campagne d’envergure pour dénoncer ce qui est perçu comme une nouvelle vague de colonialisme.

En 2012, Inter Pares a amorcé un projet de recherche-action en collaboration avec COPAGEN et l’Université de Montréal. Un élément central de cette recherche est d’assurer la participation des collectivités touchées par l’accaparement des terres en tant que co-chercheures.

L’inventaire foncier réalisé dans neuf pays d’Afrique de l’Ouest démontre que près de huit millions d’hectares de terres ont été acquis dans les dix dernières années.

Des études d’impact plus pointues menées en Côte d’Ivoire, en Guinée-Bissau et en Guinée révèlent une tendance lourde.

L’accaparement des terres :

  • fait l’objet d’ententes entre l’État et les entreprises à l’insu des populations locales
  • entraîne la réduction ou la détérioration des terres arables cultivées par les populations locales pour se nourrir, et une réduction de la qualité des régimes alimentaires locaux;
  • exerce un impact disproportionné sur les femmes, en réduisant leur accès à la terre et en compromettant leur rôle de gardiennes de la sécurité alimentaire au sein de la famille.

Ces impacts sont mis en lumière dans le documentaire issu du projet de recherche, La fièvre verte. Ce film témoigne de la tragédie et de l’injustice de l’accaparement des terres, et pose des questions cruciales, comme celle soulevée par Alphonse Yombouno ci-dessus.

En avril 2014, Alphonse et son collègue Francis Ngang sont venus présenter au Canada les principaux résultats de l’étude à des décideurs, des universitaires, des groupes de la société civile et des agriculteurs. Le film a été un catalyseur efficace pour susciter discussion et réflexion. Il contribue de façon importante à notre travail en vue de défendre et d’étendre l’espace réservé aux fermes familiales.

 

Pour en savoir plus :

Consultez la page d'information sur les accaparements des terres

Visionnez cette entrevue, réalisée avec Eric Chaurette, l'auteur de cet article, sur les accaparements des terres en Afrique de l'Ouest :

L’inventaire foncier réalisé dans neuf pays d’Afrique de l’Ouest démontre que près de huit millions d’hectares de terres ont été acquis dans les dix dernières années.

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