Rencontre avec Geoff Evans, partisan et admirateur de longue date d’Inter Pares

Jack Hui Litster en compagnie de Geoff Evans
De gauche à droite : Geoff Evans et Jack Hui Litster, co-gestionnaire à Inter Pares.

Inter Pares : Avant d’aborder vos liens avec Inter Pares, parlez-nous un peu de vous, Geoff.

Geoff Evans : Je suis né en Angleterre, j’ai grandi en Ontario, j’ai étudié les mathématiques appliquées, je me suis demandé pendant un temps ce que je pouvais faire avec, puis j’ai eu la chance qu’on m’offre de mettre mes compétences au service de l’écologie marine en Écosse. Pendant mon séjour à Aberdeen, avec une orientation professionnelle assez bien définie, j’ai découvert que l’alto était mon instrument de prédilection et qu’on pouvait faire partie d’Amnistie Internationale. Avant de venir me reposer à Terre-Neuve, j’ai travaillé sur des bateaux de recherche dans quatre pays; joué dans un orchestre symphonique de trois et travaillé avec des groupes d’Amnistie dans quatre. Mes recherches écologiques ont porté sur trois domaines : comment tirer notre subsistance de la mer tout en respectant son écologie; comment se déplace le carbone dans l’océan et au-delà, et comment cela influe sur les changements climatiques dans le monde; et comment évaluer l’incertitude sans se fier outre mesure à des fondements théoriques.

Inter Pares : Et comment avez-vous commencé à vous intéresser activement à Inter Pares?

Geoff Evans : Par hasard. Deux choses sont arrivées à peu près en même temps en 1986. D’abord, j’ai reçu deux lettres de collecte de fonds d’Inter Pares; elles provenaient de deux personnages publics distincts, mais étaient identiques à 90 %. Ça a piqué mon intérêt, mais je restais sceptique. De plus, j’ai lu Filters against Folly, un ouvrage de l’écologiste Garrett Hardin (à l’origine de la théorie de la tragédie des biens communs) dans lequel il présente divers tests auxquels on devrait soumettre toute proposition : est-ce que les mots ont du sens; est-ce que les chiffres ont du sens; si on combine les deux, à quoi cela mène-t-il? C’est avec ces courants de pensée à l’esprit que j’ai envoyé un exemplaire du livre aux gens d’Inter Pares pour connaître leur avis. Je voulais leur offrir une façon de penser originale et utile; et je voulais un moyen de juger comment ils allaient réagir à quelque chose qui sortait peut-être de leur zone de confort. 

Il en est ressorti un échange de lettres avec Brian Murphy, membre du personnel d’Inter Pares. Nous avons vite constaté que nous étions d’accord sur les trucs les plus importants et que la discussion sur nos divergences était aussi agréable qu’éclairante. Cet échange eut tôt fait d’établir deux des motifs qui font que mes rapports avec Inter Pares ont duré et se sont développés : vous travaillez de manière sensée; vous prenez les gens au sérieux, et vous prenez au sérieux les interactions entre les gens. Brian avait bien autre chose à faire que de s’attarder à un seul donateur, mais il était prêt à y accorder de l’attention; il n’a pas hésité à me mettre au défi plutôt qu’à m’amadouer – ce sont des caractéristiques communes à d’autres membres du personnel d’Inter Pares que j’ai eu l’occasion de rencontrer.

Inter Pares : Pourquoi avez-vous continué à soutenir Inter Pares pendant trente ans?

Geoff Evans : Au tournant du siècle, j’ai commencé à approfondir mon engagement envers la justice sociale et le développement international. Je me suis mis à participer aux activités nationales d’Amnistie Internationale, d’abord à la coordination du travail de l’organisme en Afrique du Nord, et ensuite à titre de trésorier au comité exécutif. Inter Pares m’a manifesté son intérêt de diverses façons. Brian Murphy m'a envoyé un exemplaire de son livre Transforming Ourselves, Transforming the World. J’ai eu l’occasion de le rencontrer en personne à Ottawa. Les bulletins périodiques d’Inter Pares étaient toujours intéressants. Peut-être en raison de mon bagage en écologie marine, on m’a invité à rencontrer Augusta Henriques, de Tiniguena, un homologue d’Inter Pares, pour discuter de la façon dont l’organisme gérait les ressources marines. La directrice générale d’Inter Pares de l’époque, Molly Kane, a voulu passer un moment avec moi quand elle est venue à St John’s à l’occasion d’une réunion du Conseil atlantique pour la coopération internationale. Aux célébrations du 30e anniversaire d’Inter Pares, j’ai pu voir un autre aspect louable d’Inter Pares : son désir de mettre les homologues en contact puis de s’effacer pour les laisser poursuivre le travail, selon le principe que les personnes qui trouveront les solutions et qui prendront les décisions les plus judicieuses sont celles qui sont le plus proches de la question et qui sont le plus directement touchées. Inter Pares estime que cela fait partie de son féminisme; il est à espérer qu’un jour, on considère cela comme une simple question de bon sens. Je souhaite maintenant trouver des moyens de contribuer au travail en offrant mon temps et mes compétences.

Inter Pares : Geoff, pouvez-vous nous dire pourquoi l’égalité et la justice sociale vous tiennent à cœur?

Geoff Evans : Pourquoi l’égalité et la justice sociale me tiennent à cœur… Je me demande si quiconque a jamais répondu à ça autrement que par un truisme. Je peux seulement dire que je ne serais pas fier de moi si je ne faisais pas au moins quelque chose à ce sujet-là. 

Inter Pares : Décrivez-nous Inter Pares en trois mots.

Geoff Evans : Bien sûr, trois mots peuvent seulement donner des indications, mais je dirais que « réfléchi, habilitant et réciproque » sont des indications utiles.

Cet échange eut tôt fait d’établir deux des motifs qui font que mes rapports avec Inter Pares ont duré et se sont développés : vous travaillez de manière sensée; vous prenez les gens au sérieux, et vous prenez au sérieux les interactions entre les gens.