« Touche pas à ma génération! »

Nov 09, 2021
Indigenous Karen youth demonstrators call for federal democracy on International Day of Action for Rivers in Mutraw. Credit: KESAN

Htoo Myat et Mai Ra* respirent la fumée et les gaz lacrymogènes, sous le grondement des avions de l’armée. Comme des millions de Birman-e-s, ils descendent dans la rue pour défier le coup d’État militaire qui a écrasé dans le sang la fragile démocratie de leur pays le 1er février 2021. Ils brandissent des affiches et lancent des slogans sur Twitter : « Combien de cadavres faut-il à l’ONU pour intervenir? » et « Touche pas à ma génération! ».

Htoo Myat a 21 ans. Élevé en ville, c’est un Bamar bouddhiste, l’ethnie et la religion majoritaires. Ses parents lui ont parlé de la vie au temps de la dictature, mais il ne connaissait pas ce monde-là. Le coup d’État l’a politisé.

Mai Ra a 23 ans. C’est une autochtone kachine qui vit près de la frontière chinoise. Mai Ra a hérité du traumatisme de ses parents et grands-parents. Elle vit encore avec la guerre civile, la discrimination et la violence d’État – comme la plupart des autochtones en Birmanie. Le gouvernement central a supprimé les droits des peuples autochtones et violemment réprimé leur lutte pour l’autodétermination. Mai Ra croit que le coup d’État a ouvert les yeux du peuple bamar à cette réalité.

Partout au pays, des jeunes dénoncent le retour du régime militaire. Des gens de toutes ethnies, orientations sexuelles et identités de genre forment un front uni et découvrent leurs luttes respectives. À la tête de l’insurrection intergénérationnelle, les jeunes captent l’attention du monde grâce à des tactiques créatives et aux médias sociaux. Le leadership qui émerge en Birmanie n’est pas seulement plus jeune, il est aussi plus diversifié sur le plan du genre et de l’ethnie.

Depuis des décennies, les homologues d’Inter Pares conscientisent leur collectivité à la démocratie et aux droits de la personne, notamment par des programmes de leadership offerts aux jeunes Autochtones. Quand le coup d’État est survenu, ces jeunes ont exigé plus qu’un retour à la normale : ils ont appelé à une restructuration politique complète, une démocratie fédérale respectueuse des différences et des droits des peuples autochtones, y compris des Rohingyas.

Inter Pares est solidaire de ses homologues et des jeunes en Birmanie qui ont le courage de prendre leur avenir en main et refusent de considérer le coup d’État comme un fait accompli.

* Pour assurer leur sécurité, nous ne nommons pas nos homologues. Les récits partagés ici sont la représentation collective d’un ensemble d’expériences.

Des gens de toutes ethnies, orientations sexuelles et identités de genre forment un front uni et découvrent leurs luttes respectives.

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