Cathleen Kneen : Notre grande sœur

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Cathleen Kneen s'entretient avec les conférenciers lors de l’assemblée générale annuelle d’inter Pares en 2009.
Cathleen Kneen engages panelists at Inter Pares’ 2009 AGM. Credit: Inter Pares

PAR ERIC CHAURETTE, GESTIONNAIRE DE PROGRAMME

« Bonjour, petit frère! » C’est comme ça que Cathleen m’accueillait, en me serrant longuement dans ses bras à sa manière caractéristique. Puis nous plongions dans le travail – même si nous n’avions vraiment pas l’impression de travailler. Pendant dix ans, nous sommes allés au Mali rencontrer des agriculteurs ainsi que des alliés de partout dans le monde. Nous avons travaillé ensemble à la Politique alimentaire populaire. Et après des années à la présidence du Réseau pour une alimentation durable, Cathleen m’a passé le flambeau.
 
Lors d’une retraite du personnel et du conseil d’administration du Réseau pour une alimentation durable, c’est avec consternation que nous avons appris le décès de Cathleen à la suite d’un cancer du pancréas. C’était à la fois émouvant et réconfortant de se retrouver parmi tant de personnes ayant été touchées par son intelligence et sa générosité. Nous avons formé un grand cercle, déposé une chandelle au milieu, puis avons échangé nos souvenirs d’elle.
 
Raconter une histoire faisait partie des nombreux talents remarquables de Cathleen. Elle écoutait les récits des gens et les rapportait dans l’espoir d’en aider d’autres à trouver un sens et des solutions à leurs luttes. « Oh, tu devrais parler à unetelle ou untel », disait-elle souvent, tricotant de nouvelles amitiés autour d’elle, au-delà des différences géographiques, culturelles et de visions du monde.
 
Dans sa vie déjà bien remplie d’épouse, de mère et de grand-mère aimante, Cathleen était une organisatrice infatigable ainsi qu’une militante et une féministe courageuse. Parmi les causes qu’elle avait choisies, citons le désarmement nucléaire, les maisons d’hébergement pour les femmes et la souveraineté alimentaire, d’abord comme agricultrice puis comme organisatrice. Au gré de ses déménagements, de St. John’s à Toronto, de Pictou County, en Nouvelle-Écosse à Sorrento, en Colombie-Britannique, puis enfin à Ottawa, Cathleen a été une mentore pour des gens de tous les âges. Elle a établi des ponts entre Autochtones et non-Autochtones, et entre militants de la ville et du monde rural.
 
Faisant le bilan de son travail, elle a dit : « S’il y a une chose que j’ai réussi à faire pendant toutes ces années, c’est de développer des relations importantes – elles s’incarnent dans des organisations, mais les organisations sont là seulement parce que les gens qui les ont créées croient en ce qu’ils font. »
 

Plusieurs d’entre nous ont eu le privilège de travailler et d’apprendre avec Cathleen. Elle ne nous a jamais vraiment quittés et nous sentons toujours profondément sa présence – dans nos politiques et nos analyses, dans notre travail, et dans nos coeurs. Merci, grande sœur!

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