Pour une approche féministe

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Le Centre des femmes kukis implante des techniques de justice réparatrice novatrices pour faire face à la violence basée sur le genre au sein de leurs collectivités du nordouest de la Birmanie.
The Kuki Women’s Centre uses ground-breaking restorative justice techniques to address gender-based violence in their communities in Burma’s north west. Credit: Inter Pares

Chez Inter Pares, le mois de février est traditionnellement rempli d’un tourbillon d’activités préparatoires à la Journée internationale de la femme. Il m’arrive souvent, pour l'une de nos manifestations à Ottawa, de passer quelques soirées à compiler un bilan féministe des avancées et des reculs de l’année écoulée. Je m’en sers pour monter un court vidéo que j’espère aussi divertissant. C'est un exercice de réflexion motivant.

Ainsi, l’année dernière, ce n’est qu’au moment où je montais le vidéo que le déclic s’est fait : trois des quatre chefs de partis fédéraux se sont autoproclamés féministes. Cette année, nous devrons, entre autre chose, faire le bilan de l’engagement de la ministre du Développement international à faire inscrire les programmes d’aide internationale dans un cadre résolument féministe.

L’intention d’adopter une perspective féministe avait été déclarée par le gouvernement dans un document de discussion qui a marqué le début d’une refonte de la politique canadienne en matière d’aide internationale. Évidemment, l’engagement public pour le féminisme nous avait interpellés. Le discours de la ministre et des autres parties prenantes à l’examen sur l’importance d’une approche féministe nous a incités à engager le dialogue sur les détails et sur les aspects pratiques d’un tel changement de perspective. Inter Pares, qui est une organisation féministe forte de plus de quarante ans d’expérience, a pu constater l’impact transformateur de l’approche féministe; elle est impatiente de la partager.

L’approche féministe d’Inter Pares se fonde sur une analyse des structures du pouvoir. En tant que responsable du programme sur la Birmanie, je me dois d’étudier les causes systémiques de l’oppression et de veiller à ce que notre action aboutisse à la transformation des systèmes en place. La société birmane est fortement patriarcale; cela est dû, en partie, à une longue succession de dictatures militaires et au rôle encore prépondérant de l’armée. Au cours des vingt dernières années, les groupes communautaires avec lesquels nous collaborons ont contribué à la lente évolution des attitudes loin des préjugés bien ancrés. De fait, les voix des femmes se font peu à peu entendre, remettant ainsi en question les valeurs patriarcales et introduisant les principes d'égalité au sein des institutions communautaires qu'ils établissent.

Cette approche féministe a donné des résultats remarquables en Birmanie. En effet, des militantes y mènent des campagnes internationales; des femmes journalistes font des reportages en langues locales sur des questions d’intérêt national; des chercheurs en environnement et en droits de la personne ont recours à une analyse selon les genres; et une société civile au sein des communautés ethniques élabore des politiques traitant de questions relatives aux femmes, qui sont dorénavant présentées à la table des négociations de paix. Une collaboration à long terme nous a permis d’apprendre constamment les unes des autres. Cette expérience riche en enseignements guide notre programmation féministe et continuera d’appuyer le processus de transition de la Birmanie vers la paix et la démocratie.

Consciente de l’importance de la perspective féministe et des succès qu’elle remporte, Inter Pares s’est associée, l’été dernier, à une poignée d’organisations pour mener une consultation en marge de l'examen de l’aide internationale du Canada. Nous avons réuni 50 représentants de la société civile et des pouvoirs publics au cours d'une journée de dialogue visant à s’entendre sur une définition commune des approches féministes, évaluer les défis et les possibilités que présente l’approche actuelle du gouvernement et proposer une série de recommandations concrètes. Nous avons ensuite rédigé ensemble un document comportant des recommandations détaillées adressées au gouvernement pour mettre en oeuvre la nouvelle approche féministe. Nous poursuivons notre dialogue avec le gouvernement pour promouvoir cette approche qui, nous en sommes convaincues, transformera nos sociétés.

Lorsque nous célébrerons la Journée internationale des femme en 2017, nous aurons, j’en suis certaine, une longue liste de réalisations à fêter et une litanie d’échecs pour nous stimuler. L’équipe d’Inter Pares prendra le temps de la réflexion pour tirer les leçons qui s’imposent. Et grâce à notre approche féministe, nous continuerons à remettre en cause les inégalités systémiques qui persistent. 

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