Regard critique sur la Nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition au Sénégal

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Food diversity illustrated in Guinea Bissau Credit: Patricia Charest Mugaweza

Le soutien apporté par le Canada à la Nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition (NASAN) au Sénégal démontre que ce modèle de partenariat public-privé n’est pas forcément le meilleur moyen d’atteindre des objectifs de développement. C’est la conclusion d’une étude menée au Sénégal par le Groupe de réflexion sur la sécurité alimentaire (GRSA)coalition d’organisations de la société civile du Canada préoccupées par les enjeux de sécurité alimentaire dans le monde dont fait partie Inter Pares. Ce document de politique présente les principaux résultats de l’étude. Pour plus de détails, voir la version intégrale du rapport : l’investissement privé en agriculture est-il la solution? Évaluation de la Nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition (NASAN) au Sénégal.

La Nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition (NASAN) a été formée par le G8 en 2012 pour consolider le travail réalisé auparavant, notamment l’Initiative de l’Aquila pour la sécurité alimentaire (IASA) de 2009. Alors que l’Aquila incitait les gouvernements à investir des fonds publics dans la sécurité alimentaire, la NASAN appelait les entreprises du secteur privé – nationales et multinationales – à « réaliser une croissance agricole soutenue et inclusive ainsi qu’à sortir 50 millions de personnes de la pauvreté au cours des dix prochaines années ». Depuis sa mise sur pied, la NASAN attire l’attention et soulève des préoccupations partout dans le monde, entre autres pour les motifs suivants :

  • On s’interroge sur la légitimité d’utiliser des budgets d’aide publique d’une manière qui avantage clairement (image, influence politique) des sociétés privées;
  • On s’interroge sur la reddition de compte, la transparence et la gouvernance de projets qui ne sont pas principalement dirigés par les autorités publiques, auxquelles les entreprises n’ont pas directement de comptes à rendre;
  • Il n’a pas été clairement démontré que les partenariats avec des entreprises du secteur privé pourraient bénéficier aux populations les plus pauvres et les plus vulnérables;
  • Il semble que la NASAN ait privilégié les modèles agricoles à vaste échelle et les chaînes de valeur mondiales, avec les coûts sociaux et environnementaux qui y sont liés;
  • On craint les partenariats avec des multinationales (comme Coca-Cola, Monsanto et Guinness) ayant des intérêts douteux ou aucun intérêt envers l’atteinte d’objectifs de développement.

Le Canada a été l’un des premiers pays du G8 à soutenir la participation du Sénégal à la NASAN, s’engageant à verser 80 millions CAD sur quatre ans (2013 à 2017). Selon l’accord de coopération avec le Sénégal, les projets viseront à « soutenir le développement économique rural, améliorer l’accès au crédit, accroître la production, le marketing et le développement de produits agricoles ainsi que la nutrition. Les projets vont notamment porter sur les difficultés et les possibilités des femmes dans les économies rurales ».

En 2015-2016, le Groupe de réflexion sur la sécurité alimentaire (GRSA) a mené une étude en vue de faire la lumière sur la NASAN, son impact au Sénégal et le rôle qu’y joue le Canada. L’évaluation a fait l’objet d’une recherche indépendante, avec l’appui d’un comité consultatif formé d’universitaires et de membres du GRSA. Le projet de recherche de 18 mois se fonde sur l’étude documentaire, six mois de travail sur le terrain au Sénégal et 60 entrevues auprès d’intervenants clés – ONG locales, représentants canadiens établis au Sénégal et au Canada, gouvernement sénégalais, entreprises privées engagées dans la NASAN et appareils multilatéraux.

L’étude conclut que l’approche de la NASAN – des partenariats avec le secteur privé – n’a pas démontré son efficacité pour réduire la pauvreté, améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition ou s’attaquer aux difficultés des femmes dans le contexte du Sénégal. S’appuyant sur des études antérieures et des décennies d’expérience, le GRSA croit que le Canada pourrait atteindre ces objectifs de manière plus efficace en investissant dans des programmes qui soutiennent les petits exploitants agricoles et leurs organisations.

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