L’inégalité au cœur d’un Forum régional d’apprentissage au Kenya

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Jean Symes at far right
Jean Symes: representing Inter Pares at ACORD assembly (far right).

La semaine dernière, Jean Symes, gestionnaire de programme à Inter Pares, a été invitée à Naivasha au Kenya pour participer à un forum d'apprentissage de trois jours sur la problématique des inégalités en Afrique.

Le forum, organisé par l'organisation panafricaine ACORD, un homologue de longue date d'Inter Pares, a réuni quarante-sept militantes et militants pour la justice sociale d'Afrique et du monde entier. Ensemble, les personnes participantes ont développé des plans d'action que notre homologue ACORD mettra en œuvre pour transformer les structures économiques, sociales et politiques qui causent et perpétuent les inégalités en Afrique.

Le conférencier d'honneur, Aidan Eyakuze, a lancé cette question lors du forum : « L'Afrique s'élève ou l'Afrique saigne? » Car devant certains constats, la question mérite d'être posée. Voici pourquoi.

Au cours de la décennie écoulée, de nombreux pays africains ont connu une croissance économique rapide. Cependant, et bien que les indicateurs révèlent un essor économique, ils ne montrent pas que la majorité des populations africaines ne bénéficie pas des retombées de la croissance : la progression du Produit national brut (PNB) est largement due aux exportations de matières premières  et la croissance a généré bien peu d’emplois. L’évolution du PNB s’est accompagnée d’une aggravation des disparités dans les revenus, la richesse et l’accès aux services sociaux.

Paradoxalement, c’est dans les pays riches en ressources naturelles, où les profits des sociétés étrangères et d’une élite africaine réduite sont montés en flèche, que les salaires des travailleurs ont marqué le pas. Or, plus le fossé se creuse entre les pauvres et les nantis, plus les risques de conflit et de catastrophes naturelles augmentent, plus la cohésion sociale est faible et plus l’insécurité est exacerbée. 

Au cours des assises du forum, les partenaires d’ACORD – dont Inter Pares – des organisations de la société civile panafricaines, des représentants des gouvernements, des bailleurs de fonds, des bénéficiaires et des acteurs partageant les mêmes valeurs qu’ACORD, originaires du continent et d’ailleurs, se sont attachés à définir une vision d’une transformation structurelle véritable favorisant l’inclusion et l’industrialisation durable.

Les échanges ont porté sur la diversification de l’économie africaine par les investissements publics et les politiques agricoles durables et centrées sur les personnes, privilégiant les petits exploitants agricoles et l’autosuffisance alimentaire des nations. Il a été convenu que cette dynamique devait être soutenue par la mise en place de mesures fiscales justes et progressives et un engagement à lutter contre la corruption et la fuite illicite des capitaux du secteur de l’extraction minière vers les paradis fiscaux.

Il faudra, pour atteindre ces buts, mobiliser la volonté politique des dirigeants africains. Mais il faudra aussi que des pays tels que le Canada œuvrent pour une refonte de l’ordre financier et commercial international. Dans sa forme actuelle, celui-ci limite les capacités des états d’Afrique et d’ailleurs de réformer les politiques économiques nationales même si la volonté politique est au rendez-vous. 

Qui est ACORD
ACORD est une organisation internationale née en Afrique qui agit auprès des personnes marginalisées pour renforcer leurs capacités d’exercer leurs droits et d’améliorer leurs conditions de vie. ACORD travaille activement dans 17 pays africains et collabore avec des organismes implantés dans des pays africains et du Nord pour mobiliser les ressources, soutenir les initiatives de développement socio-économique local, appuyer la recherche et la formation, et organiser des activités de plaidoyer pour des rapports plus équitables au sein des communautés et entre elles.

 

L'Afrique s'élève ou l'Afrique saigne?

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