En solidarité avec les travailleuses et travailleurs migrants temporaires

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Un travailleur migrant portant une affiche sur laquelle il est inscrit : « J'ai travaillé 11 ans au Canada. J'ai l'estomac noué, c'est injuste de devoir retourner chez moi sans argent. »
Photo taken by J4MW as part of its airport actions: A migrant worker leaving Canada as a result of the “four in four out” rule. Credit: Justicia for Migrant Justice

« Je ne peux pas croire que de telles injustices ont lieu ici au Canada! », s’indigne Lucy, une donatrice d’Inter Pares. Son cri du cœur résonne dans la pièce, suivi d’un silence. Les participants de la Soirée du documentaire engagé d’Inter Pares se retournent vers l’écran, où Min Sook Lee, cinéaste et militante, parle avec le groupe par l’entremise de Skype depuis Toronto.

Nous venions tout juste de voir le documentaire de Min Sook, El Contrato, réalisé il y a douze ans, qui fournit une analyse toujours pertinente et judicieuse des conditions de travail des travailleuses et travailleurs migrants saisonniers qui viennent chaque année au Canada.

Min Sook n’est pas surprise de la réaction de Lucy. Même s’il y a plus de 300 000 travailleurs migrants au Canada, employés dans des secteurs aussi divers que l’agriculture, les services d’alimentation et les soins de santé, la précarité de leurs conditions de travail passe presque inaperçue.

Animée par l’intérêt de l’auditoire, Min Sook explique comment le cadre actuel contribue à la vulnérabilité des travailleurs et en fait des citoyens de deuxième classe sur le plan des droits et des avantages sociaux. Même s’ils paient des impôts, plusieurs n’ont pas droit à l’assurance-emploi ou aux services de santé publics en cas de maladie ou de blessure. À quelques exceptions près, ils ne peuvent pas demander le statut de résident permanent et leurs visas sont liés à leur employeur, qui peut mettre fin à leur contrat en tout temps et les faire déporter. Cette asymétrie du pouvoir mène à l’exploitation et parfois aux sévices de travailleuses et de travailleurs migrants.

Min Sook attire aussi l’attention sur la règle des quatre ans, en vigueur depuis avril, qui forcera des milliers de migrantes et de migrants ayant travaillé au Canada pendant quatre ans ou plus à retourner chez eux, sans avoir le droit de faire une nouvelle demande avant quatre ans. Elle note que malgré le besoin chronique de travailleurs migrants, des règles comme celle-là renforcent le caractère prétendument temporaire des besoins. Pire encore, cela réduit les travailleuses et travailleurs migrants à rien de moins qu’une main-d’œuvre  jetable.

Les travailleuses et les travailleurs migrants doivent être traités avec équité, dignité et justice. De concert avec ses alliés et ses homologues ici et ailleurs dans le monde, Inter Pares continuera de plaider pour des conditions de travail justes et sécuritaires pour la main-d’œuvre migrante, tout en sensibilisant la population canadienne à ces questions.

Même s’il y a plus de 300 000 travailleurs migrants au Canada, la précarité de leurs conditions de travail passe presque inaperçue.

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