Il n’y a pas de paix véritable qui ne donne leur place aux femmes

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Des membres du gouvernement colombien et des FARC entament les pourparlers pour mettre fin au conflit, à Oslo, en Norvège.
Colombian government delegates and the FARC initiate talks for ending the conflict, in Oslo, Norway. Credit: César Carrion, SIG

Fin 2012, lorsque les autorités colombiennes et les FARC, la plus grande guérilla du pays, se sont rencontrées en Norvège pour entamer les pourparlers de paix, il y avait une seule femme à la table de négociation : la médiatrice norvégienne. Ce cas est loin d’être unique, puisque selon une étude d’ONU Femmes portant sur 31 processus de paix en vingt ans, neuf négociateurs et signataires sur dix sont des hommes.

Les femmes, qu’elles soient combattantes ou non, sont affectées de manière différenciée par les conflits armés. Bien souvent, il leur incombe de fournir la nourriture, les vêtements et le logement à leur famille et à leurs enfants, durant et après les conflits. La violence sexuelle et basée sur le genre est une arme de guerre : par conséquent, les femmes souffrent de traumatismes physiques et psychiques, d’infections transmises sexuellement, de grossesses non désirées  et de stigmatisation.

Au fil des ans, Inter Pares a collaboré avec de nombreuses organisations de la base menées par des femmes qui ont fait face à des conflits sociaux, politiques et armés. Cependant, elles sont rarement présentes aux réunions officielles où les factions armées se retrouvent pour négocier la paix. L’année dernière, Consejería en Proyectos, principal homologue d’Inter Pares en Amérique latine, a organisé quatre rencontres de partage d’expériences entre des femmes et des organismes ayant une expérience directe des conflits armés.

Les trois premières ont réuni des femmes du Guatemala, du Salvador et de l’état mexicain du Chiapas; elles ont contribué à l’examen international de la mise en oeuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU. Celle-ci établit un cadre juridique international qui tient compte de l'impact démesuré de la guerre sur les femmes et du rôle essentiel qu’elles jouent dans la gestion et la résolution des conflits ainsi que l’instauration d’une paix durable. Quant à la quatrième rencontre, elle a réuni un groupe de femmes d’Amérique centrale avec plus de deux cents femmes colombiennes; ensemble, elles ont défini le sens de la paix pour leurs communautés tout en tirant les leçons de l’expérience de pays ayant déjà connu un processus de paix.

Ces rencontres ont aussi été l’occasion de célébrer les réalisations des organisations de femmes de la base dans le domaine de la consolidation de la paix. Au Guatemala, au Salvador et au Chiapas, elles ont été un élément indispensable des laborieux processus de paix et de réconciliation, ont abordé ouvertement la problématique de la violence et ont revendiqué la participation des femmes à la vie politique ainsi que leur accès à la justice. Le mouvement des femmes colombiennes a, pour sa part, préparé le terrain pour les pourparlers de paix en cours. De plus, grâce à son plaidoyer acharné, le gouvernement colombien et les FARC ont fini par intégrer des femmes à leur délégation et créer un comité chargé de veiller à l’inclusion d’une perspective de genre dans les pourparlers de paix.

Une chose est sûre : la signature d’un accord de paix ne signifie pas la fin d’un conflit. Dès la conclusion d’un accord, l'attention de la communauté internationale se tourne ailleurs. Toutes les formes d’appui sont alors canalisées vers les instances gouvernementales, ce qui contribue à marginaliser de nouveau les organisations de femmes et communautaires qui ont pourtant contribué au succès du processus, alors qu'elles représentent des populations dont l’exclusion est à l’origine même du conflit. À mesure que la Colombie progresse vers une nouvelle ère de paix et de démocratie, il est essentiel d’assurer que les femmes ont leur mot à dire et participent activement sur tous les plans.

 

(...) selon une étude d’ONU Femmes portant sur 31 processus de paix en vingt ans, neuf négociateurs et signataires sur dix sont des hommes.

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