Les médias, quatrième pouvoir...vraiment ?

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Julián Durazo, le docteur en science politique et spécialiste de l’Amérique latine, lors de sa conférence JQSI
Julián Durazo, le docteur en science politique et spécialiste de l’Amérique latine, lors de sa conférence JQSI Credit: Inter Pares

Par Mariétou Diallo, codirectrice des communications

On parle souvent des médias comme du quatrième pouvoir, après les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Une assertion qui, au vu des derniers évènements dans l’actualité, reflète la crise de confiance et le fossé entre la population et les médias en général.

Dans le cadre des activités des JQSI en Outaouais, le docteur en science politique et spécialiste de l’Amérique latine, Julián Durazo, a présenté une conférence intitulée « Médias et démocratie : le cas de l’État brésilien de Bahia ».

Dr Durazo a suscité réflexion et débat tout en apportant un regard neuf sur les médias et la démocratie en général. Tout au long de la conférence, il a beaucoup été question de démocratie, de télévision, de journaux, de sondages et de financement.

Des mots et concepts que l’on entend tous les jours et qui nous semblent communs, innocents. Il est facile de penser que tout est lisse et surtout que tout va bien. Mais, tout cela est-il si innocent ?

Un mot a tout de même retenu l’attention de tous, « sondage ». Dans les années 80, Antonio Carlos Magalhães, tout puissant magnat des médias dans l’état de Bahia et éminent parlementaire brésilien, a la mainmise sur les médias locaux et favorise l’octroi de licences de radio et de télévision à ses amis et partisans.

En effet, à Bahia, le financement des médias dépendait largement de capitaux privés qui se sont volontiers prêtés au jeu de la distorsion d’informations pour favoriser leurs intérêts politiques et peser sur le processus démocratique. Ce scénario rappelle ce qui vient de se passer lors des récentes élections présidentielles aux États-Unis, avec la surprenante victoire de Donald Trump sur Hilary Clinton, cette dernière ayant été donnée gagnante par la quasi-totalité des sondages avant le scrutin. Au lendemain des élections américaines, les critiques sur le rôle des médias ainsi que les Mea culpa sont nombreux.

Les médias ont-ils joué leur rôle de formateur du public ? Pourquoi les sondages se sont autant trompés ? Autant de questions que le monde s’est posé. La réponse qui est le plus souvent apparue est celle de la déconnexion entre des médias, qui sont censés être un moyen d’expression essentiel pour les acteurs démocratiques, et une population en rupture avec ses élites politiques.

Comme à Bahia, certains débats peuvent être portés sur le devant de la scène et d’autres peuvent en être occultés. Dans le jeu de la démocratie, les acteurs que sont les personnages politiques, l’opinion publique et les médias sont interdépendants.

Si les sondages peuvent influencer, voire fausser les comportements électoraux, le vote ne dépend pas de leur seul rôle ; il faut aussi prendre en compte les facteurs économiques et sociaux. Il est dès lors primordial d’éduquer et de permettre au plus grand nombre de comprendre les messages afin de lutter contre le miroir déformant des médias.

Ce que nous pouvons retenir est que, malgré tout, les médias restent un moyen d’expression essentiel au bon déroulement de la démocratie. De plus, à l’ère des médias sociaux, il existe une grande diversité de canaux d’information qui permettent à la population de se forger son opinion. Cependant, si les informations que nous recevons nous semblent biaisées, plusieurs questions se posent : comment se positionner pour élaborer un jugement critique ? Au final, à quoi peut-on se fier ?

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