Les Parcs de la paix, un outil d’autodétermination politique

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Millions of Karen and other Indigenous peoples rely on the Salween for their food sovereignty, livelihoods, transportation, and spiritual practices. Credit: KESAN

Première zone autochtone protégée et conservée, le Parc de la paix du Salouen est un vibrant exemple d’autodétermination de la base. Contrastant vivement avec la lourde centralisation et la militarisation typiques des structures de gouvernance en Birmanie, le Parc de la paix est axé sur les personnes et mené par la collectivité. Géré par une structure démocratique équilibrée sur le plan des sexes, il affirme le droit inhérent – et la responsabilité – du peuple karen de gouverner les terres qui lui appartiennent.

Le Karen Environmental and Social Action Network (KESAN), homologue de longue date d’Inter Pares, a joué un rôle central dans la création du Parc de la paix du Salouen. Pendant des années, KESAN a soutenu la mobilisation de la base; facilité les consultations communautaires; proposé des structures de gestion démocratiques; et partagé les leçons des zones autochtones protégées ailleurs dans le monde, notamment au Canada. Pour accroître l’impact potentiel du projet, KESAN met présentement en contact des leaders du Parc de la paix du Salouen avec d’autres collectivités autochtones en Birmanie qui voudraient elles aussi créer leur parc.

Situé dans l’une des zones les plus biodiversifiées de l’Asie-Pacifique, le parc fait 5485 km² et comprend plus de 340 villages, 226 kaw* délimités, 27 forêts communales, quatre réserves forestières et trois sanctuaires fauniques. Malgré son nom ambitieux, le Parc de la paix n’est pas exempt de violence : offensives militaires, déplacements forcés, confiscation généralisée des terres et extraction des ressources. Férocement opposé au type de développement choisi par les collectivités touchées, le gouvernement central veut ériger des mégabarrages désastreux sur le fleuve Salouen, le plus long fleuve à écoulement libre qui reste encore en Asie du Sud-Est.

Le Parc de la paix du Salouen est plus qu’un projet de conservation. C’est un mécanisme politique en vue de bâtir une paix durable, préserver les terres et la viabilité environnementale, et sauvegarder l’identité culturelle. Il exprime l’autodétermination de l’intérieur, embrassant et affirmant les valeurs des Karens et leur conception du monde, ainsi que leur désir de coexistence pacifique.

« La charte [du Parc de la paix du Salouen] enchâsse le droit du peuple autochtone karen à l’autodétermination quant au mode de gestion et de gouvernance de ses ressources naturelles et ses terres, et à l’orientation du développement durable de ses collectivités. » (Introduction de la charte du PPS)

Il y a longtemps que les peuples autochtones de la Birmanie luttent pour une gouvernance décentralisée sur leur territoire – en éducation, en santé ou pour la gestion des terres et des ressources naturelles. L’autodétermination est au cœur des droits des peuples autochtones – le droit de tous les peuples de façonner leur développement économique, social et culturel. Cela suppose la capacité pour les Chins d’obtenir dans leur langue des services médicaux appropriés sur le plan culturel; des titres de propriété qui reflètent des siècles de pratiques coutumières karenni; et un développement respectueux de la vision holistique des Karens d’un environnement sain, de moyens de subsistance durables et de la survivance de leur culture.

À Inter Pares, nous voyons l’impact dévastateur de n’avoir pas su préserver les droits des peuples autochtones au Canada. Fidèles à nos principes de solidarité, nous facilitons les contacts entre activistes autochtones du monde entier afin qu’ils tissent des liens et échangent des approches sur leurs causes communes. Ici au Canada comme ailleurs dans le monde, on reconnaît de plus en plus que les zones protégées en territoire autochtone sont un élément essentiel de la conservation de nos écosystèmes, de l’atténuation des changements climatiques et de la réalisation de la souveraineté autochtone. C’est pour nous un honneur de soutenir nos partenaires dans ces projets.

*Kaw est le terme karen utilisé pour les terres coutumières – les territoires reconnus des collectivités locales qui en assurent la gestion.

La charte enchâsse le droit du peuple autochtone karen à l’autodétermination quant au mode de gestion et de gouvernance de ses ressources naturelles et ses terres, et à l’orientation du développement durable de ses collectivités.

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