Une militante féministe plaide pour l’autonomie sexuelle des femmes au Pérou

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María Ysabel Cedano (à droite) discutant avec des femmes dans le cadre de la campagne « Un homme ne viole pas »
Campaign “A man doesn’t rape”: María Ysabel Cedano (far right) speaking to fellow activists to mobilize around women’s violence. Credit: DEMUS

Revendiquer le droit des femmes sur leur corps n’est pas une mince affaire dans un pays où les fondamentalistes catholiques sont tout-puissants. C’est pourtant ce que DEMUS, une organisation féministe péruvienne et homologue d’Inter Pares depuis quelques années, a entrepris de faire après une analyse attentive de la situation des droits de la femme dans leur pays.

Au Pérou, les groupes œuvrant pour l’autonomie sexuelle de la femme – c’est ainsi que DEMUS décrit les droits sexuels et reproductifs – sont la cible régulière des calomnies de groupes ultraconservateurs relayées par les médias. Par ses choix, DEMUS s’expose à leurs critiques virulentes. Cette organisation a choisi de prioriser des actions visant à légaliser l’avortement suite à un viol et à la mise en œuvre de la législation en vigueur en matière d’avortement thérapeutique; elle a aussi joué un rôle important dans la réouverture de procès sur la stérilisation forcée de femmes autochtones du Pérou entre 1990 et 2000, sous le régime de Fujimori.

Les membres de l’équipe de DEMUS n’ont pas froid aux yeux. Et leur directrice, María Ysabel Cedano, avocate féministe, encore moins. Dès sa plus tendre enfance, elle s’est aperçue que sa famille, bien que progressiste, n’avait jamais dénoncé la violence faite aux femmes ni ne s’était élevée contre les abus sexuels. Pour résoudre cette contradiction, elle s’est mise en quête de réponses qu’elle a trouvées au sein du mouvement féministe.

María Ysabel est entrée en contact avec la pensée féministe à la faveur de son travail au sein de DEMUS – par le biais de l’action militante, du débat et de la discussion avec d’autres féministes. Elle souligne que DEMUS est un espace exceptionnel de dialogue interdisciplinaire, un espace où les points de vue se forment, s’expriment et évoluent à la lumière de l’argumentation. María Ysabel se présente comme une lesbienne féministe socialiste dont l’identité se reflète à travers son engagement dans les mouvements sociaux. Son militantisme couvre tous les aspects de sa vie; l’ampleur de sa passion pour un changement social en profondeur a d’ailleurs largement orienté son mode de vie. Jeune adulte, elle a pris conscience que les rôles associés au mariage et à la famille ne lui convenaient pas, et elle assume les conséquences de ses choix.

Outre son travail auprès de DEMUS, María Ysabel milite au sein du mouvement lesbien, gai, bisexuel et transgenre du Pérou et s’implique en politique nationale; elle prend part à d’autres mouvements sociaux comme celui des femmes au foyer qui revendiquent la reconnaissance de la valeur de leur travail. Elle s’est même jointe brièvement à l’équipe du ministère de la Femme lorsqu’elle a senti que l’engagement annoncé du président péruvien pour le changement social lui permettrait d’influer de l’intérieur les politiques concernant les droits de la femme.

María Ysabel Cedano nourrit de son expertise les stratégies juridiques et médiatiques que DEMUS adopte pour mettre à nu et critiquer les pratiques et politiques contrevenant aux droits de la femme. Par son approche holistique, DEMUS s’attelle à éroder les résistances pour ouvrir peu à peu un espace d’autonomie sexuelle pour les Péruviennes.

Visionnez cette entrevue d’une durée de 13 minutes dans laquelle Maria Ysabel parle du combat pour l’autonomie sexuelle des femmes au Pérou :

 

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