Comment le « développement » a mené au conflit armé dans l’État Kachin

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Le directeur de Oil Watch, Jockai Khaing, interrogé par des journalistes et nos partenaires médias.
Informing the public: Arakan Oil Watch Director, Jockai Khaing, being interviewed by journalists including our media partners. (Note that faces have been altered.) Credit: Rebecca Wolsak

« Malgré la présence de projets de développement pendant le cessez-le-feu, les habitants de l'État Kachin n’ont pas progressé; de fait, ils ont perdu un peu plus de leurs droits chaque jour. » C'est ce que déclare Tsa Ji, du Kachin Development Networking Group (KDNG), dans le bulletin du groupe en mai 2012. La guerre faisait alors rage dans l'État Kachin alors que plusieurs autres États ethniques avaient amorcé des pourparlers de paix.

L'État Kachin a vécu sous un accord de cessez-le-feu pendant 17 ans, mais pendant cette période, le chômage a monté en flèche, le trafic de la drogue a proliféré, la présence des troupes gouvernementales a augmenté de façon radicale, les droits de la personne ont été impunément violés, on a bloqué tout effort de participation politique véritable et d'énormes projets d'extraction ont pillé les ressources naturelles de l'État. KDNG, homologue d'Inter Pares, a bien expliqué le lien entre les vastes projets de développement et la reprise du conflit armé dans l'État Kachin en 2011, alertant d'autres groupes ethniques et la communauté internationale de l'expérience kachin de cessez-le-feu.

La Birmanie est un pays prospère, riche en ressources naturelles. À elles seules, les exportations de gaz naturel constituent environ 2,5 milliards $ US des revenus annuels; avec la hausse de la production, on prévoit une augmentation de 60 % des revenus en 2013. Mais la gestion de l'économie birmane, souvent qualifiée de capitalisme de copinage, fait en sorte que la plupart des profits se retrouvent dans la poche d'une poignée de partisans de l'armée. Les dépenses militaires monopolisent plus du quart du budget gouvernemental, et ce, en l'absence de toute menace extérieure. La militarisation et la corruption généralisée, ainsi que l'absence de mécanismes de protection de l'environnement et des droits de la personne contribuent à perpétuer le conflit et la pauvreté en Birmanie.

Dans ce contexte, nos homologues révèlent l'impact sur l'environnement et les droits de la personne des projets d'infrastructure à grande échelle. En mars 2012, Arakan Oil Watch a produit Burma’s Resource Curse, un rapport prédisant que le manque de transparence et de reddition de comptes sur les revenus en Birmanie empirera à coup sûr suite à l'afflux de nouveaux investissements à la suite de la levée des sanctions économiques internationales. Le rapport réclame la mise en place de lois et d'institutions afin de gérer de façon transparente les revenus gaziers et pétroliers avant d'accroître l'extraction des ressources naturelles par des investisseurs étrangers. Des copies du rapport ont été largement diffusées en Birmanie, dans le but notamment de sensibiliser des parlementaires actuels et futurs.

Toute transition vers la démocratie en Birmanie, si contestée soit-elle, verra une augmentation rapide de l'investissement étranger, y compris du Canada, et des projets de développement à vaste échelle pour extraire les ressources naturelles du pays. Les pratiques actuelles de corruption et de militarisation sont profondément ancrées, ce qui accroît les risques liés à l'investissement international, en plus d'attiser le conflit et d'exacerber la pauvreté en Birmanie. Inter Pares est fière de travailler avec des organisations locales qui informent la communauté internationale du contexte birman, tout en offrant à la population locale des outils leur permettant d’identifier et de contrer les risques inhérents à de tels projets.

KDNG a bien expliqué le lien entre les vastes projets de développement et la reprise du conflit armé dans l'État Kachin en 2011, alertant d'autres groupes ethniques et la communauté internationale de l'expérience kachin de cessez-le-feu.

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