Arrêter l’imparable : résistance citoyenne à la technologie exterminatrice au Burkina Faso

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Ali Tapsoba, COPAGEN ally and founder of the local group Terre à vie, has been raising awareness about Target Malaria in Burkina Faso and in international fora. Credit: Olympia de Maismont

« Nous ne serons pas vos cobayes! » affirme la Coalition pour la protection du patrimoine génétique africain (COPAGEN), homologue d’Inter Pares, à une conférence de presse dénonçant le projet de Target Malaria de disséminer au Burkina Faso des moustiques issus du forçage génétique.

Target Malaria est un consortium de recherche travaillant à mettre au point des moustiques dotés d’un gène forcé. Aussi appelée technologie exterminatrice, cette méthode force la transmission d’un trait dans une population entière. Dans ce cas précis, l’objectif annoncé est d’exterminer les moustiques qui transmettent le paludisme. Jusqu’à présent, aucun organisme issu du forçage génétique n’a été disséminé dans la nature. Ce serait une première. Ils pourraient modifier des écosystèmes entiers et leurs conséquences sont imprévisibles. Selon COPAGEN et des groupes de la société civile du monde entier, cette expérience est inutile, risquée et contraire à l’éthique, puisque le paludisme a été – et peut être – éradiqué par des conditions sanitaires et des mesures de santé publique adéquates. Une autre préoccupation : l’armée américaine est le principal investisseur dans la technologie du forçage génétique.

À la suite de rencontres avec Target Malaria et les autorités communautaires, COPAGEN a appris que les participants à la recherche recevaient 90 cents l’heure pour exposer leurs jambes afin de recueillir des moustiques possiblement infectés par le paludisme. Le réseau a aussi appris que l’Agence nationale de biosécurité avait approuvé la dissémination de 10 000 moustiques génétiquement modifiés sans avoir consulté adéquatement les citoyens au préalable, comme l’exige la loi. Alarmés, COPAGEN et ses alliés ont convoqué une conférence de presse et organisé une marche pour interdire la dissémination.

En partenariat avec ETC Group, Inter Pares a aussi facilité une deuxième mission de renseignement en vue de recueillir le témoignage des populations vivant près des sites ciblés. La journaliste et cinéaste Zahra Moloo a produit un documentaire sur la mission, Une question de consentement : les moustiques exterminateurs au Burkina Faso, qui révèle le manque flagrant de consultation des populations locales. Le film a été présenté à des rencontres des Nations Unies où se négocient les décisions relatives à la réglementation des technologies de forçage génétique. Là, des pays ont convenu qu’il fallait imposer des restrictions afin de garantir la demande ou l’obtention du consentement libre, préalable et éclairé des collectivités locales avant de disséminer dans l’environnement des organismes issus du forçage génétique.

Le 1er juillet, à la grande consternation de COPAGEN et des organisations de la société civile du monde entier, Target Malaria a libéré 6 400 moustiques génétiquement modifiés « mâles stériles » dans le village de Bana, au Burkina Faso. COPAGEN a depuis redoublé d'efforts pour dénoncer ce geste qu'elle considère comme dangereux, contraire à l'éthique et illégal.

Les grandes sociétés et l’armée exercent des pressions énormes pour obtenir l’autorisation de disséminer dans l’environnement des organismes issus des technologies de forçage génétique – mais elles ne sont pas plus puissantes que la collaboration stratégique des citoyennes et des citoyens qui travaillent de façon solidaire à ce que la recherche se fasse dans l’intérêt public. Inter Pares continuera à soutenir COPAGEN dans sa résistance.

COPAGEN a depuis redoublé d'efforts pour dénoncer ce geste qu'elle considère comme dangereux, contraire à l'éthique et illégal.

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