Être féministe : qu’est-ce que ça veut dire?

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Rita Morbia (troisième à partir de la droite) en compagnie des membres d’une organisation de femmes appuyée par Likhaan au Quinapondan, Samar de l’Est, Philippines.
Rita Morbia (troisième à partir de la droite) en compagnie des membres d’une organisation de femmes appuyée par Likhaan au Quinapondan, Samar de l’Est, Philippines. Crédit: Alfredo Melgar/Likhaan
PAR RITA MORBIA, DIRECTRICE GÉNÉRALE
Le mot féminisme n’a jamais autant été aussi populaire politiquement.
 
En tant que membres d’une organisation féministe dirigée par du personnel féministe, ça nous ravit… enfin, je crois. Tout dépend de ce que ça veut dire être féministe.
 
Si ça signifie que plus de gens, plus de groupes et plus d’institutions gouvernementales voient le monde sous l’angle du pouvoir – qui le détient, qui en est privé, qui l’exerce et comment –, alors c’est une bonne chose. Des actions concrètes pour combattre les inégalités seraient encore mieux.
 
Pour ma part, je suis féministe à cause de ce que j’ai vu autour de moi : comme étudiante à Montréal quand 14 femmes ont été assassinées à l’École Polytechnique; comme amie et parente de femmes ayant vécu de la violence par des personnes qui prétendaient les aimer; comme jeune enseignante hors Canada, alors que ma meilleure élève a été forcée de se marier trop jeune à un homme qu’elle n’avait pas choisi. J’ai l’impression que le patriarcat est ancré dans la structure même des rapports entre les êtres humains, partout.
 
Ce que je comprends maintenant, c’est que le corps des femmes, leur vie et leurs aspirations sont des champs de bataille politiques pour le pouvoir. Et que le féminisme, idéalement, combat toutes les formes de domination.
 
À Inter Pares, notre approche féministe se reflète dans notre structure, nos programmes et notre façon de travailler.
 
Dans la structure en cogestion d’Inter Pares, tout le personnel reçoit le même salaire et prend les décisions relatives à la gestion par consensus. À titre de directrice générale, je ne suis qu’une voix égale aux autres autour de la table,
avec des responsabilités particulières en matière de représentation et d’administration.
 
Nos programmes visent à promouvoir l’action des femmes et à faire entendre la voix des personnes les plus marginalisées de la terre. Cela comprend celles des organisations de femmes et des militantes de partout dans le monde qui bâtissent des mouvements pour le changement et font campagne pour réformer des politiques et des lois, en vue de faire progresser les droits des femmes.
 
De gauche à droite : Amanda Dale, membre du conseil d’administration, Khushi Kabir de Nijera Kori, Bangladesh, et Rita Morbia, directrice générale d’Inter Pares.Pour ne citer que deux exemples, au Soudan, la Dre Asha El-Karib de la Sudanese Organization for Research and Development travaille à éliminer la discrimination juridique et politique des femmes. Au Bangladesh, Khushi Kabir de Nijera Kori, veille quant à elle à ce que son travail avec les paysans sans terres intègre une solide composante sur les droits des femmes, comme l’accès des filles à l’éducation.
 
Le féminisme d’Inter Pares se traduit également par l’importance égale accordée au processus qu’aux résultats. Faciliter des occasions d’apprentissage et de travail collaboratif est un élément de base de nos programmes. J’ai eu le privilège d’aider à la mise en place de moments d’apprentissage clés pour faire progresser des mouvements des femmes. Ainsi, Inter Pares a organisé en 2002 un échange
entre des groupes de femmes du Guatemala et de Birmanie sur l’expérience du conflit, de l’exil et du retour. Quinze ans plus tard, le mouvement pour les droits des femmes en Birmanie continue de tirer des leçons du vécu des femmes guatémaltèques. Inter Pares travaille également de manière collaborative en tant que membre de plus d’une douzaine de coalitions. Il s’agit pour nous à la fois d’une expression de notre féminisme et d’un moyen d’accroître notre impact et son efficacité.
 
Nous espérons sincèrement que la popularité récente du terme féminisme se traduira par une augmentation du nombre de nos alliées et alliés dans notre travail pour le changement social, par des avancées concrètes sur le plan
des politiques publiques et par un plus grand succès de nos efforts collectifs en vue de rendre le monde meilleur et plus égalitaire.

 

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