Le pouvoir de l’action collective au Bangladesh

Nouvelles : Analyses

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Des femmes membres des groupes de paysans sans terre de Charbata, au Bangladesh.
Une manifestation pour défendre leur terre : les femmes membres des groupes de paysans sans terre de Nijera Kori sont aux premières lignes. Crédit: Nijera Kori

Le fleuve Meghna est un vaste cours d’eau au débit rapide dans le sud du Bangladesh. Sur ses rives, dans les collectivités de Charbata, des milliers de familles pauvres gagnent leur vie grâce à la culture des riches terres alluviales et à la pêche. Plusieurs font partie des groupes de paysans sans terre organisés par l’homologue d’Inter Pares, Nijera Kori.

L’an dernier, de riches hommes d’affaires locaux ont tenté de s’approprier le territoire, en prétendant détenir un bail sur une vaste portion du fleuve. Ils prévoyaient y ériger des remblais dans le but d’y implanter une agriculture et une pêche intensives, ce qui aurait privé la population de l’accès aux rives et au fleuve. Ils ont même signé un accord secret avec des travailleurs d’un autre village afin d’amorcer les travaux.

Quand les groupes sans terre de Nijera Kori ont su ce qui se passait, une stratégie de résistance a rapidement été mise sur pied. En organisant une série de réunions publiques, du théâtre de rue et des chansons, les membres ont mis leurs voisins au courant de la situation. Ils ont recueilli des signatures, fabriqué des banderoles, organisé des marches et exigé une rencontre avec le gouvernement local et l’office de mise en valeur des eaux. L’ingénieur du gouvernement a fait enquête et a rendu son verdict : « La loi stipule que le fleuve appartient au peuple et le gouvernement ne l’a loué à personne. Occuper le fleuve ou construire des remblais constitue un délit. »

Malgré ce verdict, quelques jours plus tard, les journaliers embauchés par les hommes d’affaires ont amorcé la  construction sous la protection d’un groupe armé. Plus de 2 000 membres des groupes de paysans sans terre ont vite encerclé le groupe armé et les travailleurs. Après une confrontation de trois heures, le gang et les travailleurs ont cédé : « Nous faisons seulement ce travail pour tenter de gagner notre vie. Nous vous promettons qu’à l’avenir, nous ne viendrons plus occuper le fleuve. Nous sommes pauvres comme vous et nous appuyons votre mouvement. »

Ce fut une victoire des pauvres contre les puissants, de l’action collective contre la cupidité et la violence. Ce jour-là, plus de 2 000 personnes ont défendu la sécurité alimentaire de centaines de familles, en protégeant les terres pour la culture et le fleuve pour la pêche.

Ce fut une victoire des pauvres contre les puissants, de l’action collective contre la cupidité et la violence.

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Comments (1)

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  • Yvan Laniel
    Belle victoire du peuple contre des abuseurs sans conscience.
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