Rapport annuel 2011 d’Inter Pares– Qu’est-ce que la justice sociale?

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Il suffit d’un petit groupe de personnes réfléchies et engagées pour changer le monde, n’en doutez jamais. À vrai dire, c’est « la » manière d’y parvenir. — Margaret Mead

Depuis trente-six ans, Inter Pares travaille partout dans le monde avec de petits groupes de personnes qui changent les choses, chacune à leur façon. Dans tous les pays, il y a des personnes vigilantes et dévouées qui se consacrent à la promotion de la paix, la justice et l’égalité dans leur société. Même si chacune travaille dans son propre milieu, ces petits noyaux s’unissent à d’autres groupes partageant des valeurs similaires pour, ensemble, bâtir un vaste mouvement. Les résultats semblent parfois longs à venir, mais ces mouvements peuvent – et de fait vont – précipiter le changement, tantôt lentement avec de modestes avancées, tantôt dans un véritable torrent de transformation.

Ces victoires sont le résultat de virages permanents – qu’elles ont aussi contribué à créer – dans notre manière d’envisager les choses. Ainsi, les mobilisations de masse survenues en 2011, du printemps arabe aux indignés, en passant par le mouvement Occupy, ont modifié en profondeur la conscience mondiale. L’inégalité et la démocratie sont redevenues des repères incontournables; même les commentateurs les plus conservateurs ont été contraints d’y faire référence, devant la force de ce mouvement. Ces mobilisations ont également stimulé des discussions politiques publiques en Amérique du Nord, au sein desquelles proches et étrangers ont partagé leurs rêves et leur vision d’un monde où règne la justice sociale.

C’est dans ce contexte que nous avons consulté nos homologues, nos collaborateurs et nos partisanes et partisans pour voir comment ils définissaient la justice sociale. Nous avons utilisé quelques-unes de leurs réponses dans ce rapport annuel. Celles-ci nous rappellent que la justice sociale c’est : résister à l’oppression, prendre parti dans les luttes, veiller à ce qu’il y en ait assez pour tout le monde, abattre les obstacles qui entravent l’égalité des chances. Ces réponses reflètent la vision d’un monde plus juste, où toutes et tous sont égaux, ont les mêmes chances de réussir et jouissent d’un accès équitable aux ressources; un monde où le bien-être de tous passe avant l’intérêt personnel, où la solidarité prédomine.

Grâce à son travail, Inter Pares a eu le privilège de regarder ces mots prendre forme, de voir à quoi ressemble la justice sociale. Elle a le visage de ces jeunes du Pérou qui créent un mouvement à l’image de leurs aspirations pour un pays démocratique et dynamique. Elle ressemble à ces militantes et militants birmans qui, après des années de recherche dévouée, de mobilisation et de plaidoyer, peuvent enfin avoir une influence sur les projets de barrages, de mines et d’exploitation pétrolière dans leur pays et ainsi prévenir les déplacements et la destruction de l’environnement. Elle évoque ces Soudanaises, dont la lutte acharnée contre la discrimination qu’elles subissent avec leurs filles, est un témoignage vibrant de courage et de dignité.

Les exemples extraordinaires dont nous avons été témoins au fil de nos années de travail pour la justice sociale nous ont confirmé l’importance d’être solidaires, de tisser des liens et de s’inspirer des luttes entreprises ailleurs dans le monde. De fait, nous n’avons jamais remis en question notre confiance dans le pouvoir des gens qui travaillent ensemble. Quand un groupe de militants canadiens a fondé Inter Pares en 1975, c’était pour bâtir une organisation qui travaille avec les gens du Sud, qui cultive des rapports fondés sur l’égalité et la solidarité avec des groupes communautaires, des mouvements populaires et des militantes et militants. Avec autant de vigueur que nous en avons mis à soutenir les processus de changement ailleurs, nous avons porté un regard critique sur la situation au Canada – pour nous poser des questions importantes sur la façon dont notre pays peut faciliter ou entraver le progrès ailleurs dans le monde, sur la façon dont nous nous inscrivons dans le contexte mondial, sur les liens étroits entre les enjeux qui se posent ici et les difficultés vécues ailleurs dans le monde.

En tant que Canadiennes et Canadiens, nous avons plusieurs options face au contexte politique mondial actuel. Nous pouvons nous laisser envahir par le pessimisme ambiant et nous laisser convaincre qu’il y a peu d’espoir que des transformations profondes surviennent. Mais, nous pouvons aussi retrousser nos manches et travailler pour la justice sociale, en nous rappelant les paroles de Margaret Mead, qu’il ne faut jamais douter de la puissance de notre engagement et que, ensemble, nous sommes beaucoup plus forts que seuls.

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