Une conversation avec John Harnett, donateur d'Inter Pares

Voix : Récit personnel

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John Harnett

Nous avons parlé à John Harnett – partisan de longue date d’Inter Pares – de son activisme, de ses réflexions sur le privilège et de son engagement envers Inter Pares.

Comment es-tu devenu militant? Pourquoi est-ce important pour toi?

Dans ma vie, je vois une progression dans mon désir d’être utile aux autres. J’étais très rebelle dans ma jeunesse. J’étudiais la théologie à l’Université de London afin de devenir prêtre. Puis un jour, une agente de probation est venue donner une conférence dans le cadre d’un cours sur le système de justice pénale. Après l’avoir entendue, en l’espace de soixante minutes, j’ai décidé que je voulais être agent de probation.

À mon arrivée au Canada, j’ai travaillé comme conseiller familial. Avec le recul, je réalise qu'essayer d’aider les autres me donnait une meilleure opinion de moi-même. Quelques décennies plus tard, j’ai découvert la théorie des systèmes familiaux qui m’a aidé à mieux saisir le fonctionnement de l’être humain et la façon de l’améliorer.

Ça m’a permis d’aller plus loin que d’aider les autres juste pour me sentir mieux. Tout le monde a des lacunes, mais tout le monde peut s’améliorer. C’est devenu l’essence de mon travail en psychothérapie des systèmes familiaux.

J’ai aussi travaillé en hôpital avec des familles dont un proche devait aller en résidence de soins de longue durée. J’essayais de gérer les conflits dans la famille et l’aider à accepter le fait que cette personne-là s’en aller vers la dernière étape de son existence. 

Certaines expériences de bénévolat ont-elles été marquantes pour toi?

J'ai fait six missions d’Habitat pour l’humanité : une en Éthiopie, deux en Amérique centrale et trois au Canada. Je me souviens d’une fois, en Amérique centrale. Le dernier jour du projet, nous nous sommes rassemblés avec la famille dont nous avions bâti la maison. Le père de famille a commencé à parler, puis il s’est mis à pleurer. La mère a pris le relais. C’était très émouvant – des gens venus d’ailleurs, habitués au luxe et au privilège, étaient venus soutenir une famille et lui bâtir une maison neuve. Et je me suis demandé dans quelle mesure cet acte de bonté pouvait imprégner toute une collectivité, créer des liens internationaux de bienveillance.

À ma toute première mission avec Habitat pour l’humanité, au Guatemala, nous parlions de notre expérience chaque soir après le souper. Je me souviens avoir dit que je venais d’une famille blanche raciste et privilégiée du Cap, en Afrique du Sud. Et que le fait d’avoir grandi dans ce milieu m’avait habitué à me faire servir, jamais à servir les autres. Ça m’a profondément marqué de servir cette famille au Guatemala, dont la maison a été détruite dans un glissement de terrain qui a tué la mère et la fille aînée. Je me souviens avoir dit au groupe à quel point c’était transformateur pour moi de me sentir comme une personne ordinaire qui rend service à d’autres personnes ordinaires sur la planète. Pour moi, c’est un privilège de rendre service, surtout quand on a été habitué à penser d’abord à soi-même.

En 2017, tu nous as offert tes services comme chauffeur lors d’une tournée de conférences en Ontario avec deux activistes du Centre Likhaan pour la santé des femmes. Quel souvenir en gardes-tu?

Ça a été une expérience profonde – rien à voir avec le fait d’envoyer un chèque à un organisme caritatif et de recevoir ensuite un bout de papier. Contribuer un tant soit peu au travail, être utile et apprendre en même temps, tout ça a été très significatif pour moi. J’étais tout à fait ravi d’offrir ce service, de m’occuper du transport et de faciliter la logistique pour alléger le travail du personnel. Ça m’a aussi permis d’en apprendre un peu plus sur Inter Pares et sur Likhaan, une des organisations qu’elle soutient. 

Un moyen que tu utilises pour soutenir la collectivité mondiale dont nous faisons partie, c’est de soutenir généreusement Inter Pares. Pendant la pandémie de COVID-19, nos organisations homologues partout dans le monde ont affronté une série de problèmes, dont la hausse de la violence envers les femmes et la difficulté à se nourrir et à obtenir des soins de santé. Plusieurs sont enracinées de façon incroyable dans leur collectivité, et donc particulièrement aptes à assumer un rôle de leadership en temps difficiles.

J’ai reçu une demande de don d’Inter Pares en vue de soutenir plusieurs organisations travaillant en lien direct avec la COVID-19. Pour moi, c’était évident que j’allais réagir et envoyer plus d’argent à Inter Pares pour s’occuper de ces besoins immédiats. C’est très important pour moi – qu’on me demande de faire ma part et de contribuer.

Dans ma vie, je vois une progression dans mon désir d’être utile aux autres.

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