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Des Soudanaises au front de la résistance Nouvelles : Analyses 18 Mar 2022 Partager Imprimer cette page Dans le sens des aiguilles d'une montre, à partir du haut à gauche : Sara Abdelgalil, Kholood Khair, Nagda Mansour, Rita Morbia (Inter Pares), Nisreen Alsaim et Jacqueline O'Neill En janvier 2022, Inter Pares a tenu conjointement le webinaire Des Soudanaises au front de la résistance. Quatre militantes des droits de la personne du Soudan – Nagda Mansour, Nisreen Alsaim, Sara Abdelgalil et Kholood Khair – ont parlé des conséquences du récent coup d’État militaire au Soudan. La modératrice était Jacqueline O'Neill, ambassadrice du Canada pour Femme, paix et sécurité. En 2018-2019, une révolution pacifique avec les femmes en première ligne libère le Soudan des 30 ans de dictature d’Omar el-Bashir. La transformation démocratique semble enfin réalisable. La période de transition – supervisée par un conseil souverain de représentants civils et militaires – promet des élections libres et équitables pour 2022. Même s’il est largement exclu du gouvernement de transition, le mouvement des femmes du Soudan commence à démanteler un patriarcat enchâssé dans le cadre légal et social depuis des décennies. Retour de la junte militaire au Soudan Le 25 octobre 2021, le général Abdelfattah El Burhan prend le contrôle du gouvernement juste avant qu’il réalise sa promesse de rendre le pouvoir exécutif aux civils. L’armée arrête des leaders civils, dont le premier ministre Abdalla Hamdok, et bloque les communications. Depuis, les forces de sécurité appuyant le coup d’État répriment les protestataires pacifiques, en blessant des milliers. Ils tuent, détiennent arbitrairement et intimident les activistes de groupes populaires opposés au coup d’État (les comités de résistance), d’organisations de femmes, de syndicats et d’organisations non gouvernementales, en plus de fermer les organes médiatiques. Ils multiplient les atrocités sur la population civile – violences sexuelles, tirs à balles réelles et gaz lacrymogènes. Malgré cette brutalité, les rues du Soudan accueillent encore chaque semaine les Marches des millions’. Nagda Mansour, activiste du Darfour, explique ce qui unit les protestataires. « [Nous luttons pour] la création d’un État soudanais moderne fondé sur l’égalité citoyenne, les droits de la personne et la règle de droit. Nous chantons hurriyya, salām wa ‘adāla: liberté, paix et justice! » Les protestataires appellent massivement au « refus de tout partenariat, tout compromis et toute négociation avec l’armée ». La docteure Sara Abdelgalil, de Médecins du Soudan pour les droits de la personne, prévient que si on n’arrive pas à renverser le coup d’État, les femmes pourraient voir revenir les pires éléments du régime d’El-Bashir, dont la soi-disant loi sur l’ordre public qui régissait la conduite des femmes et leur tenue en public. Aujourd’hui, les jeunes femmes ne font pas que participer aux manifestations, elles sont en train de se tailler une place comme décideuses au sein des comités de résistance. Voyez la version intégrale du webinaire, y compris une discussion sur la façon dont la communauté internationale peut mieux soutenir les civils du Soudan (en anglais). Des groupes populaires du Soudan réclament un régime civil intégral Les comités de résistance populaire préparent une voie d’avenir menée par les civils, élaborant de façon démocratique des propositions pour dénouer cette crise multidimensionnelle. En revanche, des acteurs internationaux comme l’ONU prônent des ententes axées sur le partage du pouvoir entre l’armée et les groupes civils – essentiellement le statu quo préexistant. « La situation actuelle au Soudan est une équation à somme nulle : [c’est] la rue et le peuple ou bien c’est l’armée », explique Nisreen Alsaim, leader jeunesse qui préside le Groupe consultatif de la jeunesse sur les changements climatiques du secrétaire général de l’ONU. « Chercher une voie de sortie pour l’armée, une solution intermédiaire [démontre] le manque de confiance de la communauté internationale et de l’appareil onusien envers le peuple soudanais. Et c’est ce qui explique la méfiance du peuple soudanais à leur endroit. » Kholood Khair, écrivaine et analyste politique, accuse les acteurs internationaux de souffler le chaud et le froid et dénonce leur approbation tacite ou manifeste d’un processus qui légitime la position de l’armée. « Du même souffle, ces acteurs internationaux épousent les valeurs démocratiques, affirmant qu’ils appuient les civils dans la transition », dit-elle. Pour Kholood, la crise que perçoit la communauté internationale est vue par bien des Soudanais comme un retour à la révolution. Comment la communauté internationale peut-elle montrer son appui aux civils du Soudan? Pour Sara, la communauté internationale a plusieurs moyens de montrer sa solidarité : financer la formation en secourisme et combler les besoins de base des personnes qui participent à la désobéissance civile, presser la discussion dans les parlements nationaux et réclamer que les décideurs isolent la junte et imposent des sanctions aux leaders militaires. L’avenir du Soudan est incertain. Mais quoi qu’il arrive dans la sphère politique, Kholood estime que la ténacité et la résolution de la rue du Soudan sont le meilleur moyen de voir aboutir les exigences démocratiques et civiles. Jacqueline O'Neill opine. « Je ne doute pas un instant du succès de cette révolution et je crois que les femmes et les enfants soudanais vont continuer de mener la voie. » Cela fait 20 ans qu’Inter Pares collabore avec des organisations féministes soudanaises qui plaident pour le pouvoir d’agir des femmes dans les sphères sociale et politique, et pour l’accès à la santé et aux droits sexuels et reproductifs. Nous réitérons notre engagement envers ce mouvement. Appuyez nos homologues dès aujourd’hui. Je ne doute pas un instant du succès de cette révolution et je crois que les femmes et les enfants soudanais vont continuer de mener la voie. Faire un commentaire You must have JavaScript enabled to use this form. Votre nom Comment * Sauvegarder Leave this field blank