ENTREVUE : travailler en coalition pour la souveraineté alimentaire

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Lucy Sharratt (CBAN) lors du Festival de la biodiversité en 2012 à Andhra Pradesh, en Inde, dans le cadre d’un échange organisé par Inter Pares et accueilli par la Deccan Development Society. Crédit: Eric Chaurette/Inter Pares

Lucy Sharratt est coordonnatrice fondatrice du Réseau canadien d’action sur les biotechnologies (RCAB). Le RCAB est un réseau national d’associations de fermiers, de coalitions régionales et de groupes voués à l’environnement et à la justice sociale qui se préoccupent de la place du génie génétique dans l’alimentation et l’agriculture. Inter Pares est membre actif du RCAB depuis la création du réseau en 2006.

L’entrevue a été remaniée par souci de clarté et de concision.

Q: Comment avez-vous amorcé la collaboration avec Inter Pares?
R: Au milieu des années 2000, Inter Pares travaillait avec des mouvements de fermiers en Afrique et en Asie et recherchait des alliés pour s’opposer à la promotion des OGM par le gouvernement du Canada dans le Sud mondialisé. Inter Pares a joué un rôle crucial dans l’organisation d’une série de rencontres nationales où des groupes ont décidé de mettre leurs ressources en commun pour former ce qui allait devenir le RCAB. Il fallait que la société civile du Canada soit là pour les agriculteurs, qui devaient – et qui doivent encore – faire face au génie génétique. En raison des liens d’Inter Pares avec des collectivités du Sud mondialisé, nous avons pu attirer l’attention sur d’importants problèmes mondiaux et intervenir. Notre premier succès a été de travailler ensemble à renforcer le moratoire mondial sur les semences stériles génétiquement modifiées.

Q: Comment le RCAB résiste-t-il au contrôle de l’industrie en agriculture?
R: L’avenir de l’alimentation fait l’objet d’une lutte mondiale. L’industrie veut tout contrôler – chaque organisme, chaque système, chaque parcelle de terre agricole. Le génie génétique est un outil de contrôle. Il démontre jusqu’où ira l’industrie.

Le RCAB est un réseau diversifié et dynamique, alors nous pouvons vraiment fouiller les impacts du génie génétique sur le plan social, culturel, économique et environnemental. Le pouvoir de l’industrie menée par le profit, qui est derrière cette technologie, ne s’intéresse pas à son effet réel sur les agriculteurs et sur leurs moyens de subsistance.

Grâce à l’analyse collective de la communauté du RCAB, nous comprenons mieux ce qui se passe sur le terrain, les impacts du génie génétique et les interventions des gouvernements et de l’industrie. Le savoir local et les rapports de respect et de confiance sont des éléments essentiels.

Q: Selon vous, quelle a été l’évolution du mouvement pour la souveraineté alimentaire dans la dernière décennie et vers quoi croyez-vous qu’il se dirige?
R: Chacun d’entre nous participe à la souveraineté alimentaire – en cultivant des aliments, en mangeant, en faisant des choix alimentaires. Nous avons tous des limites. Ce n’est pas tout le monde, par exemple, qui peut acheter tous ses aliments dans une ferme biologique locale. Mais le fait de choisir un ou deux produits locaux ou biologiques contribue à changer les choses. Quand on est informé, on ne fait pas seulement des choix alimentaires différents, on pose un geste politique, ensemble. Il faut encore beaucoup de travail et de résistance, mais la longévité d’Inter Pares – 50 ans – et les presque 20 ans du RCAB montrent à quel point les gens sont tenaces. Nous avons une vision commune de l’avenir et c’est très puissant.

Pour en savoir davantage sur le travail d’Inter Pares en matière de souveraineté alimentaire dans les 50 dernières années, consulter https://interpares.ca/fr/50ans

 

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