La terre, c’est la vie

Nouvelles : Analyses

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Crédit: Rebecca Wolsak, Inter Pares

La terre – son contrôle, sa gestion et sa propriété – est à l’épicentre de décennies de conflit entre l’armée birmane et les groupes armés des ethnies minoritaires. C’est un enjeu crucial des processus de négociation de la paix, dans l’impasse, alors que des groupes ethniques poursuivent leur lutte pour l’autodétermination, les droits et la reconnaissance de leurs droits fonciers. Des accords précaires de cessez-le-feu ont toutefois ouvert tout grand la porte aux investisseurs étrangers et nationaux désireux d’acquérir les terres des ethnies. Propices à l’investissement, de nouvelles lois axées sur le marché facilitent l’appropriation des petites terres agricoles par l’industrie. Le génocide et les violations continues des droits de la personne ne freinent pas la voracité des entreprises qui veulent tirer profit de la dernière frontière de l’Asie. Ce contexte favorise la montée du pouvoir des entreprises… Mais à quel prix? Et au détriment de qui?

Les populations ethniques birmanes font les frais de l’appropriation des terres et des mégaprojets qui poussent comme des champignons partout au pays. Aux yeux du gouvernement, les affaires continuent. Le résultat? Confiscation des terres, déplacements forcés, perte des moyens de subsistance et menace de la vie culturelle et spirituelle des collectivités, dont les territoires aux ressources abondantes sont intimement liés à leur identité et leur bien-être. Les barrages, les activités minières et les projets d’infrastructure sont militarisés, ce qui exacerbe le conflit. L’environnement se dégrade et la biodiversité est en péril. Les impacts sur la santé se multiplient avec la pollution de l’air et de l’eau, sans parler de l’insécurité alimentaire. Les femmes et les filles sont le plus durement touchées du fait de leur exposition accrue aux toxines, de l’essor de l’industrie du sexe ou de l’exclusion des processus de consultation.

Mais la société civile dénonce le pouvoir des entreprises appuyé par l’armée. Un homologue d’Inter Pares* élabore et défend des politiques pour protéger les terres, les ressources et les moyens de subsistance des collectivités et favoriser leur participation à la prise de décision. Misant sur des décennies de travail à la base, cette organisation a publié une feuille de route sur les moyens de déléguer la gestion fédérale des ressources afin de préserver les droits et le mode de possession des terres, empêcher la destruction de l’environnement et prévenir l’escalade du conflit. On y propose de rendre le contrôle à la collectivité – avec le soutien d’appareils de gouvernance des ethnies – plutôt que de le confier aux entreprises, afin de préserver les usages durables transmis depuis des générations.

Alors que l’État et les grandes sociétés rabâchent que les affaires continuent, nos homologues en Birmanie se rallient courageusement autour d’un principe fondamental : la terre, c’est la vie. Inter Pares est fière d’être à leurs côtés.

*Malgré le régime démocratique du gouvernement birman, on continue d’intimider, de museler, de criminaliser et de brutaliser celles et ceux qui défendent les droits de la personne et l’environnement. Comme la sécurité de nos homologues est une priorité, nous avons choisi de taire le nom de l’organisation dont il est question dans cet article.

Nos homologues en Birmanie se rallient courageusement autour d’un principe fondamental : la terre, c’est la vie.

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