La vérité de nos champs

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Les producteurs-chercheurs en rencontre avec les membres du personnel d’Inter Pares et de COPAGEN
Boucle du Mouhoun, Burkina Faso: Les producteurs-chercheurs en rencontre avec les membres du personnel d’Inter Pares et de la COPAGEN. Crédit: Patricia Charest Mugwaneza

Assis en cercle, Oumarou et vingt-cinq autres agriculteurs nous saluent à notre arrivée, après un trajet cahoteux et poussiéreux depuis Ouagadougou, au Burkina Faso. Oumarou était l’un des trois producteurs de coton ayant participé à l’échange d’apprentissage international organisé par Inter Pares en Inde en 2014. Lors de son séjour, il a rencontré des agriculteurs indiens qui cultivent le coton; ils lui ont parlé des nombreuses épreuves et des suicides d’agriculteurs, imputables à l’échec du coton Bt génétiquement modifié (GM) de Monsanto. Il a aussi entendu parler du fardeau de la dette que les familles des victimes assument encore de nos jours.

Oumarou et ses collègues se sont présentés comme des producteurs-chercheurs. Ils travaillent avec COPAGEN, un homologue d’Inter Pares qui leur a donné une formation sur la façon de consigner et de documenter le rendement des cultures, la quantité d’engrais et de pesticides qu’ils utilisent, ainsi que les coûts liés à la production de leur coton. Tout cela s’inscrit dans le cadre d’une recherche de trois ans menée par les agriculteurs, Le coton Bt et nous : la vérité de nos champs.

Au cours des deux dernières années, plus de 500 agriculteurs de diverses régions productrices de coton du Burkina Faso ont documenté leur expérience avec le coton Bt de Monsanto. Cette recherche est donc un contrepoids précieux, puisque le Burkina Faso a été le premier pays d’Afrique de l’Ouest à adopter les organismes génétiquement modifiés (OGM), et est cité par l’industrie en tant qu'exemple de réussite pour en faire la promotion dans d’autres pays.

Oumarou explique comment le coton Bt a été introduit dans la région. « On n’a pas consulté ceux qui cultivent le coton. On nous a dit que le coton Bt serait bon pour nous, qu’il nous ferait économiser et qu’il exigerait moins de pesticides.
C’était vrai la première année, mais pas après. Maintenant, il faut pulvériser deux à trois
fois plus, et cela n’arrête pas les chenilles. »

J’ai demandé à Oumarou ce qui l’avait incité à devenir un leader dans cette recherche. Il m’a répondu : « Les suicides d’agriculteurs indiens ont fait beaucoup d’orphelins. Nous ne voulons pas que ça arrive ici. »

Les tenants des OGM leur prêtent bien des qualités : ils améliorent les rendements, exigent moins de pesticides et aident à résoudre la famine. Dans notre travail avec des agriculteurs du Sud et d’ici même au Canada, nous avons entendu une tout autre histoire. En 2005, Inter Pares a réuni des agriculteurs de par le monde dans le cadre d’un dialogue sur les politiques avec le gouvernement canadien, afin d’exprimer leurs préoccupations quant au génie génétique et à l’impact qu’il exerce sur la biodiversité, les fermes familiales et l’agriculture paysanne. Les participants ont entendu des récits de contamination, d’intimidation, d’endettement et de désespoir. Ce dialogue a aidé à fournir une analyse contextuelle grandement nécessaire pour éclairer la prise de décision en matière de politiques, trop étroitement axée sur les technologies.

Cela fait vingt ans que les OGM ont été introduits au Canada. En vue de faire la lumière sur leur impact, Inter Pares collabore à l’Enquête OGM du Réseau canadien d’action sur les biotechnologies. Tout comme au Burkina Faso, ce processus de recherche fournit de l'information précieuse aux agriculteurs et à la population en général – une information qui, souhaitons-le, nous aidera à passer à des systèmes agricoles plus écologiques et plus propices à l’avenir de la planète et des fermes familiales.

Les tenants des OGM leur prêtent bien des qualités : ils améliorent les rendements, exigent moins de pesticides et aident à résoudre la famine. Nous avons entendu une tout autre histoire.

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