Le poids mental du reportage de guerre en Birmanie

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Matthew Pearson, professeur de journalisme à l’Université de Carleton, offre aux journalistes autochtones de la Birmanie des ateliers de formation sur le journalisme traumatique et les soins personnels. Crédit: Sam McGavin/Inter Pares

Il y a un prix à payer pour couvrir la guerre en Birmanie. Depuis le coup d’État de février 2021, plus de 200 journalistes ont été arrêté-e-s. Il y en a encore une soixantaine en prison. L’armée a tué au moins sept journalistes. Plusieurs ont dû fuir leur patrie et travaillent en exil depuis les pays voisins. 

Où qu’ils et elles travaillent, les journalistes qui couvrent les atrocités de la junte militaire ont un prix de plus à payer : leur santé mentale. 

Inter Pares a collaboré avec Matthew Pearson, professeur de journalisme à l’Université de Carleton, afin d’offrir aux journalistes autochtones de la Birmanie des ateliers de formation sur le journalisme traumatique et les soins personnels. Des journalistes de cinq organisations médiatiques soutenues par Inter Pares le long de la frontière avec la Thaïlande ont participé aux ateliers de Matthew. Si plusieurs vivent en Thaïlande pour assurer leur sécurité, d’autres ont fait le voyage périlleux de la jungle birmane jusqu’à la frontière juste pour y participer.

« L’atelier m’a appris à prioriser mon bien-être en prenant le temps de m’occuper de moi et d’aborder ouvertement entre collègues nos problèmes de stress ou de trouble de stress post-traumatique (TSPT). Nous travaillons à créer un milieu positif pour tout le monde », explique Sai Muang, rédacteur en chef de la Shan Herald Agency for News.

Entre les frappes aériennes meurtrières, les violations des droits de l'homme et le nombre considérable de personnes qui fuient constamment pour survivre, les journalistes autochtones de Birmanie relatent chaque jour des événements terribles. Mais ce n’est pas seulement le fait d’être exposé à ces horreurs qui joue sur leur santé mentale. « [Nos reporters] sont perpétuellement en danger. Ils et elles ont peur d’être arrêté-e-s, et ne peuvent pas circuler librement », dit un rédacteur en chef à Matthew après l’atelier. « Ce genre de situation crée des traumatismes. »

Le soutien des organisations médiatiques autochtones et des femmes journalistes est un élément clé du travail d’Inter Pares en Birmanie. Il est essentiel que les personnes touchées par le conflit puissent obtenir de l’information exacte, dans leur langue. Il faut aussi que les nouvelles et les analyses en provenance de la Birmanie reflètent les points de vue autochtones pour donner au monde une image globale du conflit. 

Les journalistes paient un prix psychologique considérable. Les ateliers de Matthew sont un moyen pour Inter Pares d’appuyer leur travail aussi vital qu’exigeant. Malgré ce qu’il leur en coûte, les reporters de Birmanie sont déterminés à jouer un rôle dans la lutte pour la paix et la démocratie.

Notre programme est réalisé en partenariat avec le gouvernement du Canada.

Matthew Pearson, professeur de journalisme à l’Université de Carleton, offre aux journalistes autochtones de la Birmanie des ateliers de formation sur le journalisme traumatique et les soins personnels.

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