Santé et droits sexuels et reproductifs au-delà des frontières

Nouvelles : Analyses

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Crédit: Likhaan

Le Centre Likhaan pour la santé des femmes. La Colectiva Feminista. Nijera Kori. L’Organisation soudanaise pour la recherche et le développement (SORD). Ces quatre organisations sont de pays différents, avec chacun sa langue, son histoire, sa culture, et ses traditions religieuses et sociales. Bien qu’elles s’inscrivent dans des contextes uniques, elles partagent une lutte commune pour la justice sociale et les droits des femmes.

Inter Pares a obtenu le financement de son programme Impulser la santé et les droits sexuels et reproductifs (SDSR) par le gouvernement du Canada, grâce à sa collaboration de longue date avec ces organisations. L’appui d’Affaires mondiales Canada permet à ces organisations d’étendre leurs programmes avec un important afflux de ressources étalé sur quatre ans et demi.

Qu’est-ce qui réunit ces organisations à première vue si différentes? Chacune est établie dans un pays conservateur sur le plan religieux et social, qui limite l’épanouissement des femmes et contraint leur potentiel. Toutes reconnaissent que le patriarcat est la cause profonde des obstacles qu’elles combattent. Chacune travaille directement avec la base et fait du plaidoyer sur les politiques afin de catalyser un changement systémique. Toutes s’identifient farouchement comme féministes et font partie intégrale du mouvement pour les droits des femmes dans leur pays.

Le travail de chacune au sein du programme a pour but de défendre l’autonomie physique des femmes, notamment des adolescentes; de leur donner des options en matière de santé et de sécurité; et de les appuyer à réaliser leurs droits et leurs aspirations.

Au Salvador, La Colectiva Feminista s’intéresse particulièrement aux droits sexuels des femmes dans un pays qui jette en prison les femmes ayant subi un avortement illégal et risqué ou même une fausse couche qualifiée à tort d’avortement. L’organisation s’attaque aussi à la question plus vaste de la violence contre les femmes. Au Bangladesh, Nijera Kori accompagne les femmes et les hommes marginalisés de milieu rural qui s’organisent, prennent conscience de leurs droits et se mobilisent pour les défendre. L’organisation se penche aussi sur le mariage d’enfants et à la dot, à l’accès des femmes aux services de santé et à la violence conjugale. Aux Philippines, Likhaan s’attaque au taux élevé de grossesses précoces – une cause majeure de mortalité maternelle – en offrant aux adolescentes de l’éducation et des services de santé reproductive. Enfin, SORD travaille au Soudan à éliminer la discrimination enchâssée dans la loi, qui promeut une culture de violence contre les femmes et les filles, et criminalise des droits aussi fondamentaux que celui de marcher seule en public.

Chacune de ces organisations incroyables entretient des liens de longue date avec Inter Pares, parfois depuis plus de 30 ans – des liens fondés sur la confiance mutuelle, la reddition de comptes et les valeurs communes. Quand nous nous sommes réunies des quatre coins du monde pour planifier Impulser la SDSR, la connexion a été instantanée même si certains groupes ne s’étaient jamais rencontrés. Il y a eu des rires et de la convivialité. Il y a eu des discussions passionnées et des désaccords respectueux. Il y a eu des conversations sur le féminisme, la solidarité et les moyens d’apprendre les unes des autres pour améliorer nos programmes. Nous avons échangé des idées et commencé à tisser et renforcer des liens entre nous. En bref, nous avons envisagé ensemble un avenir où les femmes et les filles sont des membres à part entière de la société.

Réflexions sur Impulser la SDSR

« Nous sommes un groupe de solides organisations féministes. Ce projet nous permet de concrétiser nos principes féministes en matière de développement. Nos façons de faire doivent devenir des exemples, à reproduire jusqu’à ce qu’ils deviennent la norme. »
Dre Junice Melgar, Directrice, Centre Likhaan pour la santé des femmes

Aux Philippines, même si les taux de grossesse précoce y sont parmi les plus élevés d’Asie, les jeunes ne reçoivent pratiquement aucune éducation sexuelle et n’ont pas accès à la contraception. Avec Impulser la SDSR, le Centre Likhaan pour la santé des femmes pourra offrir les deux, en plus de plaider au palier local et national pour des politiques favorables à la santé sexuelle et reproductive. Depuis 1995, Likhaan fournit des services de santé reproductive dans les bidonvilles du Grand Manille et dans le Samar oriental. Ses cliniques sans but lucratif offrent des services gratuits et font un travail important de sensibilisation et d’éducation grâce à un réseau de bénévoles et de travailleuses et travailleurs de la santé.

« Nous soutaitons que ce nouveau programme prévienne la violence contre les femmes, surtout la violence sexuelle. Cela fait partie d’une lutte plus vaste au Salvador – il faut réduire les inégalités entre les femmes et les hommes, veiller à ce que les femmes soient en santé et en sécurité, et que leurs droits soient respectés. » 
Alina Menjívar, Coordonnatrice régionale, La Colectiva Feminista

En 2018 au Salvador, on a rapporté 383 féminicides et plus de 4000 cas de violence sexiste. Avec Impulser la SDSR, La Colectiva Feminista (Le collectif féministe pour le développement local) renforcera les espaces où policiers, personnel de la santé, fonctionnaires et groupes de femmes se réunissent pour contrer cette violence envers les femmes et promouvoir leurs droits. La Colectiva Feminista est une organisation féministe de la base fondée en 2004 pour défendre les droits des femmes et combattre les inégalités de genre ancrées dans la société. La Colectiva Feminista utilise l’éducation comme outil pour accroître l’autonomie physique des femmes, une première étape vers leur complète autonomie économique et politique au Salvador.

« Rencontrer des féministes d’autres organisations et apprendre de leurs expériences nous a permis de réfléchir à nos programmes et de voir les éléments communs malgré les énormes différences contextuelles. »
Khushi Kabir, Coordonnatrice, Nijera Kori

Au Bangladesh, où plus de la moitié des femmes ont souffert de violence physique de la part de leur partenaire intime l’an dernier, Impulser la SDSR renforcera le travail de Nijera Kori sur la violence contre les femmes. Nijera Kori aidera les femmes et les hommes à exiger des comptes des autorités locales en matière de services de santé reproductive pour les femmes et à rendre les systèmes de justice communautaire plus justes dans les cas de violence contre les femmes. Par l’entremise d’activités culturelles, l’organisation sensibilisera les jeunes aux enjeux de genre. Depuis 1980, Nijera Kori accompagne les personnes marginalisées de milieu rural au Bangladesh, permet aux femmes et aux hommes de connaître leurs droits et les appuie à se mobiliser pour les exercer et les défendre.

« Le mariage d’enfants est un problème majeur au Soudan en ce qui a trait à la santé et aux droits sexuels et reproductifs. Ça fait des années que nous plaidons contre cette pratique. Maintenant, il y a des circonstances favorables pour que soit adoptée une législation différente dans le domaine. »
Ilham Ibrahim, Directrice générale, SORD

Pendant plus de 30 ans, le Soudan a été dirigé par un gouvernement autocrate qui a enchâssé dans la loi la discrimination contre les femmes et les filles issue des traditions sociales et religieuses. Par exemple, le mariage accorde peu de droits aux femmes et les filles peuvent être mariées dès l’âge de dix ans. Avec Impulser la SDSR, l’Organisation soudanaise pour la recherche et le développement (SORD) profitera de la conjoncture offerte par le gouvernement de transition pour réclamer de nouvelles lois et des réformes plus vastes qui englobent la santé et les droits sexuels et reproductifs. SORD fournira aussi une représentation juridique et un accompagnement psychosocial aux femmes ayant vécu de la violence et de la discrimination.

Inter Pares aimerait souligner l’appui financier d’Affaires mondiales Canada à ce programme.

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