64 organisations de la société civile demandent au Canada de répondre à la crise au Soudan

Nouvelles : Mises à jour

Imprimer cette page

Aujourd'hui, 64 organisations de la société civile - dont Inter Pares - et 46 individus ont publié une lettre ouverte au gouvernement canadien demandant une réponse immédiate à la plus grande crise humanitaire du monde, qui sévit actuellement au Soudan. La lettre demande au Canada de prendre dix mesures clés pour faire face à la crise, y compris des réponses politiques et humanitaires, des mesures d'immigration et des appels urgents à la justice, à la prise de responsabilité et à la protection des civils.

Depuis le début de la guerre en avril 2023, le Canada s'est largement désengagé du Soudan. La réponse du Canada - y compris son programme de réunification familiale pour le Soudan - a été tout à fait inadéquate. Comme l'a écrit l'ancien diplomate canadien Nicholas Coghlan, le Canada est complice d'une « conspiration du silence » internationale sur la crise.

La lettre a été organisée par le Groupe de travail de la société civile canadienne sur le Soudan, dont Inter Pares est coprésident. 

Le texte complet de la lettre se trouve ci-dessous

Pour plus d'informations, contactez:

Amani Khalfan à akhalfan@interpares.ca

Pour en savoir plus sur le contexte de la crise au Soudan, lisez notre fiche d'information.


11 décembre 2024

Les sociétés civiles canadienne et soudanaise appellent le Canada à répondre d'urgence à la plus grande crise humanitaire du monde

Le très honorable Justin Trudeau, C.P., député
Premier ministre du Canada
Cabinet du Premier ministre

Cc:  L'honorable Mélanie Joly, C.P., députée, ministre des Affaires étrangères
L’honorable Ahmed Hussen, C.P., député, ministre du Développement international
L’honorable Marc Miller, C.P., député, ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté
David Morrison, sous-ministre des Affaires étrangères
Christopher MacLennan, ministre adjoint du développement international
Ali Ehsassi, député, président du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international (FAEE)
Fayçal El-Khoury, député, président du sous-comité des droits internationaux de la personne du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international
L’honorable Robert Oliphant, C.P., député, secrétaire parlementaire de la ministre des Affaires étrangères
Anita Vandenbeld, députée, secrétaire parlementaire du ministre du Développement international
Jacqueline O'Neil, ambassadrice du Canada pour les femmes, la paix et la sécurité

Monsieur le Premier ministre,

Nous vous écrivons pour vous faire part de notre profonde inquiétude face à l'aggravation de la crise au Soudan, afin d'exhorter le gouvernement canadien à prendre des mesures strictes pour faire face à ce qui est, en nombre, la plus grande crise humanitaire au monde. Le mois d'octobre 2024 a été l'un des plus meurtriers à ce jour, avec des centaines de morts dans les États d'Al-Jazira, du Darfour et de Khartoum. L'ampleur des souffrances humaines et des atrocités, déjà horribles, devrait s'aggraver dans les semaines et les mois à venir.  Vingt mois de guerre brutale se sont écoulés entre les forces paramilitaires de soutien rapide (RSF) et les forces armées soudanaises (SAF). Dans ce contexte, 11 millions de personnes ont été contraintes de fuir leur domicile et 3 millions se sont réfugiées dans les pays voisins. Il s'agit de la plus grande crise de déplacement au monde. Des chiffres publiés récemment évaluent à 26 000 le nombre de personnes tuées par la violence rien qu'à Khartoum. D'autres estiment qu'environ 150 000 civils autour du Soudan sont morts des suites du conflit, de la famine, de la maladie et des conséquences de l'effondrement des infrastructures. Jusqu'à 25 millions de personnes, soit la moitié de la population du pays, ont besoin d'aide. Le mois dernier, des experts de l'ONU ont indiqué que 97 % des personnes déplacées à l'intérieur du pays, ainsi que des civils restés dans leurs foyers, souffrent d'une grave famine et ont accusé les forces armées soudanaises et les forces de sécurité soudanaises d'utiliser des « tactiques de famine » à l'encontre de 25 millions de civils.

Les efforts diplomatiques et les négociations de paix menées depuis avril 2023 n'ont eu que peu d'effet. Les organisations humanitaires n'ont qu'un accès et un financement limités pour atteindre les personnes les plus vulnérables. Le monde et les médias internationaux font preuve d'un manque d'attention déconcertant, ce qui permet aux parties belligérantes et à leurs partisans de continuer à commettre des atrocités et des violations du droit humanitaire international en toute impunité. Les deux camps utilisent la nourriture comme arme de guerre en bloquant régulièrement l'aide humanitaire, notamment aux populations assiégées et déplacées qui souffrent déjà de la famine. Parmi les atrocités commises, citons les violences et les massacres à caractère ethnique, ainsi que le recours généralisé au viol et aux violences sexuelles liées au conflit. La mission exploratoire des Nations unies sur le Soudan a indiqué que nombre de ces violations pouvaient être assimilées à des crimes contre l'humanité. Les femmes et les jeunes filles subissent les pires conséquences du conflit, notamment les violences sexuelles utilisées comme arme de guerre. 

Plus la communauté internationale tardera à s'attaquer collectivement à la guerre au Soudan, plus la crise sera enracinée, complexe et catastrophique. Il est urgent que la communauté internationale prenne des mesures décisives.

Nous reconnaissons la complexité de ce conflit, ainsi que les efforts déployés par le Canada pour répondre aux besoins humanitaires et pour veiller à ce que les voix des femmes soient prises en compte dans les dialogues. Néanmoins, il est clair que les Forces armées soudanaises et les Forces de sécurité soudanaises n'ont aucun souci de paix. Les accords conclus par les SAF et les RSF pour protéger les civils et faciliter l'accès de l'aide humanitaire ont eu peu d'impact sur le terrain, et les parties belligérantes n'ont respecté aucun accord de cessez-le-feu. Il incombe donc à la communauté internationale, y compris au Canada, de faire pression sur les acteurs extérieurs qui arment et soutiennent les parties belligérantes, créant ainsi les conditions d'un conflit prolongé, et de prendre d'autres mesures, détaillées ci-dessous, pour lutter contre les violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire commises par les parties belligérantes.

Recommandations

Nous soussignés, organisations canadiennes et internationales, organisations de la société civile soudanaise et groupes de la diaspora, appelons le gouvernement du Canada à soutenir d'urgence la fin des combats et à renforcer son soutien politique et matériel au peuple soudanais et à la démarche du Soudan vers un avenir pacifique et démocratique.

  • Nous reconnaissons le soutien que le gouvernement du Canada a apporté au fil des ans à la société civile soudanaise, ainsi que les efforts récents visant à rétablir une certaine présence diplomatique canadienne dans la région.
  • Nous reconnaissons et respectons les mouvements organisés et résistants de la société civile soudanaise, et nous exhortons le Canada à s'engager auprès des pacificateurs soudanais et des acteurs humanitaires de première ligne.

Nous demandons instamment au gouvernement du Canada de : 

  1. Nommer un envoyé-e spécial-e pour le Soudan afin d'encourager une démarche politique visant à mettre fin à la guerre. Le mandat de l'envoyé-e devrait inclure la direction de l'engagement diplomatique du Canada et la coordination avec les partenaires internationaux en ce qui concerne le Soudan, et servir de centre de liaison pour l'engagement avec la société civile soudanaise. L'envoyé-e devrait collaborer avec tous les mécanismes œuvrant en faveur de la paix et avec l'Union africaine pour trouver des solutions régionales collaboratives, en tenant compte des graves répercussions régionales. Le mandat de l'envoyé-e devrait également être conforme aux objectifs et à l'esprit du plan d'action national du Canada sur les femmes, la paix et la sécurité, en accordant une attention particulière à la protection et à la participation des femmes (dans toute leur diversité) et des personnes LGBTQI+. 
     
  2. Participer à un groupe parlementaire des « Ami-e-s du Soudan ». Les organisations de la société civile canadienne plaident pour la formation d'un groupe parlementaire, tous partis confondus, et non partisan des « Ami-e-s du Soudan », qui servirait de forum permanent aux parlementaires pour partager leurs connaissances et plaider en faveur d'un avenir pacifique pour le Soudan, proposer des actions que les parlementaires et le gouvernement pourraient entreprendre, et s'engager avec la société civile et les experts sur le Soudan.
     
  3. Nommer les intervenants extérieurs qui alimentent la guerre - principalement les Émirats arabes unis, ainsi que la Russie, l'Égypte et l'Iran - et s'efforcer de les obliger à rendre des comptes. Les experts de l'ONU ont trouvé des preuves crédibles que les Émirats arabes unis fournissent de grandes quantités d'armes et de munitions aux FAR via l'est du Tchad. 
     
  4. Travailler activement à la mise en place d'un mécanisme de protection des civils doté d'un mandat fort pour protéger les femmes et les filles dans le cadre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui traite spécifiquement des droits humains des femmes dans les conflits, et créer un mécanisme de surveillance et de rapport sur les violences sexuelles généralisées liées au conflit (CRSV) dans la guerre du Soudan.
     
  5. Travailler avec les partenaires internationaux pour déférer la situation du Soudan à la Cour pénale internationale (CPI) afin que la juridiction de la CPI soit étendue à toutes les zones de conflit au Soudan où des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité auraient été commis. S'engager à soutenir le travail de la mission d'enquête indépendante chargée de documenter et d'enquêter sur les violations généralisées commises au Soudan.
     
  6. Plaider en faveur d'une extension de l'embargo sur les armes au Darfour à l'ensemble du Soudan. Il a été vérifié que de grandes quantités d'armes récemment fabriquées ou transférées de Chine, de Russie, de Serbie, de Turquie, des Émirats arabes unis et du Yémen sont importées au Soudan et, dans certains cas, détournées vers le Darfour.
     
  7. Étendre et renforcer son régime de sanctions actuel afin de cibler davantage les vastes réseaux commerciaux et financiers des groupes armés qui entretiennent la guerre. L'or joue un rôle essentiel dans l'alimentation de la guerre au Soudan. Comme le recommande le Sudan Transparency and Policy Tracker, tout or provenant du Soudan devrait être désigné comme un minéral de conflit.
     
  8. Remédier d'urgence aux retards et aux restrictions discriminatoires du programme de regroupement familial pour le Soudan. Les échecs de la structure et de la mise en œuvre de ce programme ont été largement rapportés. À ce jour, aucun-e citoyen-ne soudanais-e n'a été amené-e au Canada dans le cadre de ce programme, qui a été lancé en février 2024. Cela contraste fortement avec les 960 000 Ukrainien-ne-s touché-e-s par la guerre qui ont obtenu des visas. Le Canada devrait mettre en œuvre un programme humanitaire étendu pour les réfugié-e-s soudanais-e-s. 
     
  9. Renforcer la réponse et l'action humanitaires du Canada, par le biais de: 
  • Augmenter le financement. À l'approche de la fin de l'année 2024, l'appel humanitaire pour le Soudan, qui nécessite 2,7 milliards de dollars pour venir en aide à 14,7 millions de personnes, n'est financé qu'à 57 %. Le Canada doit d'urgence prendre des mesures pour honorer ses engagements et trouver de nouveaux financements afin d'éviter qu'une famine de grande ampleur ne s'installe. Cela doit inclure le financement des réponses humanitaires de la région. 
     
  • Diriger au moins 25 % des fonds humanitaires du Canada vers les intervenants et les initiatives de première ligne au niveau local. Les cuisines communautaires, les services de santé et les salles d'intervention d'urgence gérés par des bénévoles ont permis à de multiples Soudanais vivant dans des zones de conflit ou de déplacement de survivre à la guerre jusqu'à présent. À quelques exceptions près, les organisations internationales et les ONG n'ont qu'un accès limité aux régions en conflit ou sont confrontées à des conditions qui rendent leurs opérations impossibles. Les organisations donatrices internationales commencent à reconnaître que les initiatives d'entraide au Soudan ont accès à une grande partie des populations les plus démunies. Ces groupes sont financés principalement par la diaspora soudanaise et fonctionnent dans des conditions de pression extrême, avec peu de ressources
     
  • Plaider pour l'inclusion dans les structures d'aide humanitaire d'organisations de la société civile soudanaise travaillant au-delà des frontières et capables de faire parvenir l'aide aux populations qui en ont le plus besoin. 
     
  • Améliorer l'accès à l'aide humanitaire pour les groupes de civils soudanais particulièrement vulnérables, y compris les personnes LGBTQI+ et les personnes handicapées. 

10. Soutenir la préservation de la société civile soudanaise, en particulier les organisations de femmes, les initiatives de consolidation de la paix pour les femmes et les groupes de défense des droits de l'homme qui travaillent en exil dans des pays comme l'Égypte, l'Ouganda et le Tchad, ainsi que les acteurs locaux qui seront les piliers de tout futur gouvernement démocratique et inclusif au Soudan. Le Canada a déjà soutenu la société civile soudanaise - en particulier les organisations de défense des droits des femmes - afin de renforcer leurs capacités pendant la période de transition politique 2019-2021. Plus précisément, le financement des organisations de défense des droits des femmes et des organisations dirigées par des femmes devrait être prioritaire.

Nous demandons une réponse à cette lettre et une rencontre pour assurer le suivi des recommandations. Pour de plus amples informations, veuillez contacter Amani Khalfan (akhalfan@interpares.ca), en tant que représentant du groupe de travail de la société civile canadienne sur le Soudan.  

Signée par les organisations canadiennes, internationales, soudanaises et régionales ainsi que par les individus suivants

Organisations canadiennes et internationales

  1. AidWatch Canada
  2. Alliance for South Asian AIDS Prevention
  3. AQOCI (Association québécoise des organismes de coopération internationale)
  4. Alongside Hope
  5. Barbra Schlifer Commemorative Clinic
  6. BC Council for International Cooperation
  7. Canada for Africa Group
  8. Canada's Feminist Forum for Afghanistan
  9. Canadian Foodgrains Bank
  10. Canadian Labour Congress
  11. Canadian Lutheran World Relief (CLWR)
  12. Canadian Physicians for Aid and Relief
  13. Canadian Union of Public Employees (CUPE)
  14. Cooperation Canada
  15. Equality Fund
  16. Health Partners International Canada
  17. Hungry For Life International
  18. Inter Pares
  19. International Women's Rights Project
  20. International Service for Human Rights
  21. John Humphrey Centre for Peace and Human Rights
  22. KAIROS Canadian Ecumenical Justice Initiatives
  23. Kentro Christian Network
  24. Manitoba Women for Women of South Sudan Inc.
  25. Manitoba Council for International Cooperation
  26. McLeod Group
  27. OCASI (Ontario Council of Agencies Serving Immigrants)
  28. Ontario Council for International Cooperation
  29. Presbyterian World Service & Development
  30. Public Service Alliance of Canada – Alliance de la Fonction publique du Canada
  31. Rainbow Railroad
  32. Raoul Wallenberg Centre for Human Rights
  33. Refugees International
  34. Rooftops Canada - Abri International
  35. Rural Refugee Rights Network
  36. Saltspring Island United Church, Social Justice Committee
  37. Saskatchewan Council for International Cooperation
  38. SHE Associates
  39. Sudanese Canadian Association of Waterloo Region and Wellington County
  40. Sudanese Community Association of Ontario (SCAON)
  41. Sudanese Community of Windsor & Essex
  42. Sudanese Cultural League of Edmonton
  43. Sudanese Montreal Group
  44. There Management Consulting Inc.
  45. WILPF Canada (Women’s International League for Peace and Freedom)
  46. World Renew Canada

Organisations soudanaises et regionals

  1. Almostaqbal for Enlightenment and Development
  2. Bunyan Sudan
  3. Bunyan AlSudan Women's Platform
  4. Fikra for Studies and Development
  5. Governance Programming Overseas (UK/Sudan)
  6. ITUC Africa - Africa Regional Organization of the International Trade Union Confederation
  7. National Sudanese Women Association
  8. Nora organization for combating violence against women
  9. SAGIA (Sudanese Association for Gender Inclusion and Advocacy)
  10. SIHA Network (The Strategic Initiative for Women in the Horn of Africa)
  11. SORD (Sudanese Organization for Research and Development)
  12. Sudanese Women Rights Action
  13. Sudanese Artists Group
  14. SWRC
  15. Sudan Peace and Security Monitor
  16. The Regional Coalition for Women Human Rights Defenders in South West Asia and North Africa (WHRDMENA)
  17. Women Against War Initiative /Sudan

Les individus

  1. Adila Salih Elobeid, Associate Professor, Ahfad University for Women
  2. Alex Neve, Senior Fellow, Graduate School of Public and International Affairs, University of Ottawa
  3. Dr. Amal Abdalla
  4. Amani Al Khabir
  5. Amel Gorani, Independent consultant
  6. Beth Woroniuk
  7. Bonnie Campbell, Professor Emeritus, Université du Québec à Montréal
  8. Brian K Murphy, NGO policy analyst, refugee advocate
  9. Dia Da Costa, Professor, University of Alberta
  10. Dip Kapoor, Professor, University of Alberta
  11. Douglas Scott Proudfoot, Former Chair of the GAC Sudan Task Force
  12. Durria Hassan Khair, Human rights & gender activist
  13. Elfadil Elsharief
  14. Elizabeth Aluk Andrea Chol, Human rights advocate
  15. Gamila Elkarib, Women's rights activist
  16. Faisal Albashir
  17. Firoze Manji, Publisher, Daraja Press
  18. Iman Elkhatim
  19. Laura Macdonald, Professor, Carleton University
  20. Dr. Lynn Judith Gillespie
  21. Maha Babeker
  22. Dr. Mark Kersten, University of the Fraser Valley
  23. Dr. Nahid Azad, MD
  24. Nicholas Coghlan, First Head of the Canadian Office (Sudan); ex-Ambassador of Canada (South Sudan)
  25. Pablo Idahosa, Professor Emeritus, York University
  26. Patrice Cineus
  27. M Emad Tahir, McGill University
  28. Dr. Makere Stewart-Harawira, University of Alberta
  29. Marvin Koop, Long term peacebuilding work in Sudan
  30. Maryam Hussien
  31. Mohamed Bashir, McGill University
  32. Mohamed Elfaki
  33. Mohamed Kodi
  34. Omer Abbas Salih Hussein
  35. Omar Ahmed Bashir
  36. Rabab Elkarib
  37. Ranjan Datta, Faculty, Bangladeshi-Canadian Organization
  38. Samah Ata El Manan
  39. Samah Alseddeg, MD
  40. Sami Atabani
  41. Samia Ahmed Nihar, Activist and member of women’s initiatives
  42. Stephen Brown, Professor, University of Ottawa
  43. Suha Elamin
  44. Tag Elkhazin, Professor, Nubian Heritage Society Canada (NUSAC)
  45. Xan Dagenais, Human rights campaigner
  46. Zainab Doleeb, MD, Physician

Faire un commentaire

backdrop