Fiche d'information sur la crise au Soudan (novembre 2024)

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Le conflit actuel au Soudan oppose principalement les Forces de soutien rapide (RSF) et les Forces armées soudanaises (SAF), respectivement dirigées par "Hemedti" et le général El-Burhan. Ensemble, ils ont pris le pouvoir lors d'un coup d'État en 2021, à la veille d'une promesse de transfert du pouvoir à un gouvernement de transition dirigé par des civils. Les deux forces ont commis des abus bien documentés contre les civils pendant cette période.

Leur alliance a pris fin en avril 2023, et chacun se bat pour le contrôle du pays et de ses ressources importantes, notamment l'or et les pâturages. Depuis, 11 millions de personnes ont été contraintes de fuir leur domicile et plus de 2,2 millions se sont réfugiées dans les pays voisins. Il s'agit de la plus grande crise de déplacement au monde. Des chiffres prudents évaluent le nombre de personnes tuées à 20 000, mais d'autres estiment qu'environ 150 000 civils sont morts des suites du conflit, de la famine, de la maladie et des conséquences de l'effondrement des infrastructures. Jusqu'à 25 millions de personnes, soit la moitié de la population du pays, ont besoin d'aide.

Les expert-e-s de l'ONU ont trouvé des preuves crédibles que les Émirats arabes unis fournissent de grandes quantités d'armes et de munitions aux SAF via l'est du Tchad. L'Égypte a offert un soutien important aux Forces armées soudanaises. Et si le groupe mercenaire russe Wagner a soutenu les RSF, la Russie s'est récemment rapprochée des SAF en échange d'un accord sur l'établissement d'un port sur la mer Rouge.

Les deux parties belligérantes utilisent la nourriture comme arme de guerre en bloquant régulièrement les livraisons d'aide humanitaire, notamment aux populations assiégées et déplacées qui souffrent déjà de la famine. L'insécurité et les pillages ont compromis la capacité d'action des agences humanitaires. La famine est déjà en cours dans certaines régions du nord du Darfour, ce qui signifie que les décès dus à la famine ont atteint des niveaux extrêmes. Les belligérants ont pris pour cible les travailleurs et travailleuses humanitaires et les volontaires locaux, et l'espace civique a été fermé, ce qui a entravé les opérations humanitaires dans tout le Soudan. L'effondrement du secteur de la santé et les attaques systématiques contre les établissements et le personnel de santé ont eu pour effet de limiter les services offerts aux personnes dans le besoin. Les épidémies généralisées de choléra, de dengue et de paludisme font des centaines de victimes chaque jour. Plus de la moitié des personnes déplacées sont des femmes et plus d'un quart sont des enfants de moins de cinq ans. Les femmes et les jeunes filles subissent les pires conséquences du conflit : elles sont victimes de violences, d'atrocités et de violences sexistes endémiques, notamment de violences sexuelles utilisées comme armes de guerre. Un nombre croissant de femmes et de filles ont été enlevées et soumises au viol, au mariage forcé et à la captivité sexuelle. Les personnes handicapées et les personnes LGBTQI+, en particulier les personnes transgenres - sont particulièrement exposées pendant les guerres et les conflits. Elles sont confrontées à des risques au cours de leurs déplacements et à des obstacles supplémentaires pour accéder à l'aide humanitaire et aux services médicaux.

Les civils sont victimes d'atrocités systématiques et incontrôlées de la part des deux parties belligérantes. Il s'agit notamment du recours généralisé au viol et aux violences sexuelles liées au conflit, ainsi que des violences et des massacres ethniques contre les membres des tribus Masalit, Zaghawa et d'autres tribus. Il ne faut pas oublier que les forces de sécurité soudanaises sont issues des Janjawids, une milice qui a perpétré un génocide au Darfour il y a 20 ans. La RSF a commis des massacres de plus de 120 civils en octobre 2024 dans l'État d'Al-Jazira. Parallèlement, les bombardements aveugles des SAF sur les zones résidentielles de Khartoum, du Darfour et du Kordofan ont détruit des hôpitaux et tué et blessé des dizaines de civils.

La situation devrait s'aggraver en 2025 en raison de l'extension du conflit, de l'insécurité alimentaire et de la famine liées au conflit, des difficultés d'accès, des déplacements, du manque de soins de santé et de l'apparition d'épidémies majeures. De plus en plus d'acteurs armés sont entraînés dans les combats qui se poursuivent. Les réfugiés ont traversé les frontières vers les pays voisins, notamment l'Éthiopie, le Tchad, le Sud-Soudan et la République centrafricaine, des pays qui sont confrontés à leurs propres problèmes de stabilité. La guerre au Soudan pourrait déstabiliser davantage l'ensemble de la région et la crise risque de se propager, en particulier au Tchad et au Sud-Soudan.

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