Voir notre vie à travers notre propre lentille

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Depuis plus de 20 ans, notre homologue, la Deccan Development Society, forme des femmes dalits en Inde à se servir d'une caméra et à documenter leurs propres réalités et perspectives. Crédit: Deccan Development Society

Depuis plus de 35 ans, l’homologue de longue date d’Inter Pares, la Deccan Development Society (DDS), travaille avec les fermières pauvres de la caste des Dalits dans le sud de l’Inde. Les femmes dalits ont vécu en marge de la société, leur voix était étouffée et leur vie d’agricultrices de subsistance, rabaissée. Souvent privées d’instruction, la plupart n’ont pas appris à lire ou à écrire. Il y a 900 chaînes de télévision en Inde, où se trouve la plus vaste industrie cinématographique au monde, mais on y parle rarement de la vie de ces femmes, sauf pour en étaler la misère.

Le cinéma est une technologie de communication accessible et la DDS l’utilise depuis longtemps comme outil de sensibilisation aux enjeux sociaux afin d’améliorer les choses. Il y a 20 ans, la DDS a donc collaboré avec des femmes dalits à la création d’un organe médiatique alternatif, le Community Media Trust (CMT), accessible aux femmes et contrôlé par elles. Au CMT, les femmes dalits ont appris à utiliser la caméra et à monter des films sur leur vie et leur collectivité. De façon tout aussi cruciale, elles ont appris à être fières de leur savoir, de leurs talents de fermières et des aliments qu’elles produisent. En créant le CMT, la DDS a facilité des processus permettant aux femmes dalits de mieux comprendre l’injustice qu’elles affrontent chaque jour. Et les femmes se sont réapproprié leur vie en documentant leur réalité et en créant des œuvres d’art à travers leur propre lentille. Contrairement à l’image véhiculée par les médias de masse en Inde, les Dalits sont souriantes, heureuses et fières dans les films du CMT – elles y célèbrent leur vie. 

Misant sur l’expérience des femmes en cinéma, la DDS a lancé en 2019 le festival du film Jai Chandiram Memorial National Community Media, nommé en l’honneur d’une journaliste qui a promu le rôle des femmes dans les médias et la vocation pédagogique du cinéma. Avec ses 34 films créés par des personnes marginalisées de l’Inde et d’autres pays d’Asie, le festival leur a donné une voix pour se faire entendre. Il a fait voir leurs luttes à un vaste auditoire et célébré en même temps ces magnifiques expressions de leurs vies. Des systèmes alimentaires durables des Autochtones, aux efforts des femmes pour se faire reconnaître comme fermières, en passant par les documentaires sur les tambours cérémoniels en billes de bois du Nagaland, les films présentent une vision holistique de la vie des gens – ils mobilisent, éduquent et sensibilisent à une réalité aussi riche que méconnue. Le message véhiculé? Voici qui nous sommes, apprenez à nous connaître. Oui, nous luttons, mais nous sommes également heureuses et talentueuses, fières et magnifiques!

Le cinéma sert d’outil pour ces luttes. Dans les mains des femmes, il devient un art où interpréter leur vie à travers leur propre lentille, pour montrer au monde leur force et leur joie, leur détermination et leur confiance en elles. Leurs œuvres les ont aidées à révéler qui elles sont, tout ce qu’elles sont – à elles-mêmes et aux autres. Et un tel pouvoir peut contribuer à changer le monde.

Si la technologie et la façon de l’utiliser nous disent ce que nous sommes, l’art nous dit qui nous sommes et qui nous pouvons devenir. Brian K Murphy, Transforming Ourselves, Transforming the World

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