Rapport annuel 2010 d’Inter Pares – Paix, égalité et justice sociale - trente-cinq ans d’action pour la justice sociale

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À leur retour d’expériences outre-mer en 1975, plusieurs jeunes du Canada décident de créer une nouvelle organisation pour la justice sociale à Ottawa. Ils imaginent une organisation canadienne qui s’allie avec d’autres, ici au pays et à l’échelle internationale, à la lutte pour la paix, l’égalité et la justice sociale. Après réflexion, la nouvelle organisation est nommée Inter Pares – entre égaux – un nom évoquant les valeurs que le groupe veut promouvoir.

Trente-cinq ans plus tard, Inter Pares s’inspire de la même vision et travaille à l’atteinte des mêmes objectifs. Au fil des ans, Inter Pares a travaillé avec des groupes d’agriculteurs, des organisations de femmes, des groupes de défense des droits de la personne, des organisations autochtones, des associations de santé et des mouvements sociaux – partout dans le monde. Nous avons eu le privilège de tisser des liens avec des gens qui partagent nos objectifs et qui travaillent – souvent contre vents et marées – à surmonter les obstacles à la justice sociale.

La quête de justice sociale et d’égalité est toutefois aussi exigeante aujourd’hui qu’elle l’était il y a trente-cinq ans.

Le rôle de l’État devrait être d’orienter les politiques économiques et sociales en fonction du bien-être commun et de rendre compte aux citoyennes et citoyens de l’application d’une démocratie équitable. Nous voyons, au contraire, des États qui appuient une économie mondiale structurée au profit des spéculateurs et en grande partie déconnectée de la façon dont la plupart des gens gagnent leur vie. La campagne menée par les élites financières et politiques en vue d’éliminer la surveillance réglementaire du système bancaire a causé un effondrement économique qui continue d’infliger d’énormes dommages partout dans le monde. Le renflouement des banques et institutions financières s’est fait en sabrant dans les services sociaux, l’éducation, les caisses de retraite et les soins de santé dans le monde entier.

Partout, la crise financière mondiale a profondément touché la vie des gens. Les pays du Sud vivent une réduction des envois de fonds de travailleurs migrants, une baisse des revenus d’exportation, une hausse du taux de chômage, un affaiblissement du prix des produits de base et une hausse vertigineuse du prix des aliments et de l’énergie. 130 à 155 millions de personnes de plus vivent dans la pauvreté. Plus d’un milliard se couchent chaque soir le ventre vide et 50 000 personnes meurent chaque jour de la pauvreté et de causes liées à la pauvreté.

Il y a une disparité économique croissante dans plusieurs pays, y compris chez nous. De fait, le niveau actuel d’inégalité économique au Canada et aux États-Unis est le pire depuis 1929, l’indice même d’une dépression mondiale. Avant le début de la crise financière en 2008, 3,5 millions de personnes vivaient dans la pauvreté au Canada; selon certaines estimations, ce chiffre pourrait augmenter de 1,8 million d’ici la fin 2011. Au Canada, un enfant sur neuf vit dans la pauvreté – un sur quatre dans le cas des enfants autochtones. C’est à la fois une tragédie et une honte pour notre pays.

L’inégalité sociale croissante n’est pas seulement une question morale, elle présage une grave crise sociale. Selon la recherche d’une publication récente, The Spirit Level: why equality is better for everyone, des sociétés plus égalitaires auraient une incidence beaucoup moins élevée de problèmes de santé physique et mentale, de dépendances, de crime, d’emprisonnement, de violence – et les indicateurs du bien-être des enfants y seraient plus élevés. Cela confirme ce que beaucoup d’entre nous savent intuitivement : les sociétés plus égalitaires sont plus heureuses et plus en santé, et on y trouve un niveau plus élevé de cohésion sociale, de confiance et d’engagement civique.
Une chose est claire : l’économie mondiale ne fonctionne pas dans l’intérêt de la majorité, pas plus au Nord que dans le Sud. Une économie mondiale qui réduit des millions de personnes à la pauvreté et qui accule des pays à la faillite n’est pas seulement irrationnelle, elle est fondamentalement injuste.

Malgré ces tendances alarmantes, il y a de bonnes nouvelles. Des groupes citoyens travaillent partout à démocratiser leur économie et leur système politique. Ils stimulent la participation politique et mettent les gouvernements au défi de rendre compte à toute la population. Partout où travaille Inter Pares, des gens revendiquent le droit de voir leurs intérêts reflétés dans les politiques économiques et sociales. Au Canada, la Coalition canadienne de la santé montre aux décideurs comment préserver la rentabilité et le caractère universel de notre système de santé. Au Pérou, nos homologues enseignent la littéracie économique afin que les gens puissent comprendre – et influencer – la façon dont le gouvernement local fixe les priorités budgétaires. Au Bangladesh, des femmes et des hommes pauvres s’organisent pour exiger que les moins privilégiés obtiennent des services gouvernementaux. En Afrique, des gens travaillent à l’échelle régionale pour assurer que les ententes signées avec les sociétés minières soient transparentes et que les redevances et impôts profitent aux économies locales.

Ce rapport annuel présente un aperçu de la façon dont nos homologues font la promotion de l’égalité, la démocratie et la justice dans leur communauté et dans leur société.

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