Terres et conflit – Extraction des ressources, droits de la personne et responsabilité sociale des entreprises : les sociétés canadiennes en Colombie

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L’investissement étranger direct canadien en Colombie a augmenté sensiblement depuis les années 1990, notamment dans les télécommunications, les mines et l’extraction de combustibles fossiles. Les sociétés minières et pétrolières canadiennes jouent un rôle majeur en Colombie.

Malgré les allégations de la campagne de relations publiques concertée de l’État, la Colombie souffre encore de violations généralisées des droits de la personne – exécutions extrajudiciaires, disparitions, extorsion et menaces. Le contrôle des terres, de la main-d’œuvre et des ressources naturelles fait partie intégrante de la guerre et de la violence en Colombie et le pays a été le théâtre de déplacements et de meurtres massifs à des fins économiques et politiques au cours des dernières décennies. Il y a des corrélations frappantes entre les sites d’investissement (national et étranger) et les violations des droits de la personne, à partir des meurtres et massacres jusqu’au vol massif des terres et de la propriété, en passant par les violations du droit de circuler librement et du droit à un environnement sain.

Les violations des droits de la personne sont liées aux efforts de ceux qui tirent les ficelles des groupes paramilitaires meurtriers en vue de créer des conditions d’investissement
qui leur seront profitables. Il y a aussi des liens persistants entre les forces paramilitaires et tous les paliers du gouvernement et de l’armée, jusqu’aux plus hauts dirigeants, et tout indique que le camouflage politique de ces crimes et de ces violations des droits n’est pas près de se terminer.

John Ruggie, représentant spécial de l’ONU pour la question des droits de l’homme et des sociétés transnationales et autres entreprises, insiste sur le fait que c’est à l’État de protéger les droits de la personne, alors que les acteurs étatiques et non étatiques ont l’obligation de respecter ces droits et, s’il y a lieu, de remédier à leur violation.

Dans le contexte colombien, il est particulièrement difficile pour les investisseurs de protéger ou respecter les normes relatives aux droits de la personne et de contribuer de façon positive à la situation générale des droits de la personne. De fait, la gravité de la violence et la présence persistante de groupes paramilitaires dans les zones d’investissement élevé font craindre que l’investissement canadien risque de contribuer à la violence ou de l’exacerber, et qu’il risque de tirer profit – ou d’être complice – des violations des droits de la personne et des déplacements massifs qui perdurent. Dans un tel contexte, quand l’État ne peut pas – ou ne veut pas – protéger les droits de la personne, il est d’autant plus crucial que les sociétés soient obligées de respecter ces droits, même si cette obligation devient alors plus difficile à définir et à réaliser.

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