Kalissa Regier inspire les jeunes agriculteurs et agricultrices

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Kalissa Regier appréciant une journée de récolte dans les prairies.
Kalissa Regier: appréciant une journée de récolte dans les prairies.

Kalissa l’admet, son histoire n’est pas celle de la famille agricole typique. Élevée dans une région rurale de la Saskatchewan, elle a vu disparaître plusieurs fermes et ne pensait jamais devenir agricultrice.

Comme bien d’autres, ses parents ont poussé leurs enfants à ne pas mettre tous leurs oeufs dans le même panier, à obtenir un diplôme universitaire et à quitter la ferme. Les plus vieux ont choisi le génie et elle a abouti en Colombie-Britannique pour étudier d’abord l’horticulture, puis le jazz. C’est à l’université plutôt qu’à la ferme que Kalissa se met à réfléchir à l’alimentation. Comme elle le souligne, « En tant que producteurs de céréales, nous ne mangeons pas ce que nous produisons. Nous sommes souvent aussi déconnectés de l’alimentation que le reste de la société. »

Kalissa commence à réfléchir à l’alimentation sous l’angle de l’environnement et de la justice sociale. Un après-midi, alors qu’elle ensemence le petit potager dans la cour arrière de son logement, elle décide de revenir chez elle pour faire de l’agriculture – mais pas n’importe comment. Depuis dix ans, la ferme familiale fait tout juste ses frais et c’est le petit commerce de ses parents qui leur permet de tenir bon. « Je savais qu’ils ne vendraient jamais, ils étaient bien trop attachés à leur terre. Toute l’histoire familiale est ici. Mes parents voulaient juste assurer la survie de la ferme et ils utilisaient les méthodes les moins contraignantes. C’est pour ça qu’ils avaient choisi les cultures génétiquement modifiées – c’est vraiment très simple : on sème, puis on pulvérise. »

À son retour, ses parents comprennent que Kalissa est sérieuse, mais que c’est un autre genre d’agriculture qui l’intéresse. Les risques pour l’environnement et la santé, et la dépendance envers les semences et les produits chimiques coûteux inhérents aux cultures génétiquement modifiées ont beaucoup pesé dans sa décision. «Mes parents m’appuyaient et ils étaient prêts à apprendre et à faire des expériences. Nous sommes devenus partenaires et en six ans, la ferme a changé du tout au tout. C’est maintenant une ferme certifiée biologique qui produit lin doré, lentilles roses, seigle, avoine, orge, blé de printemps et chènevis. » La terre où il y avait des cultures génétiquement modifiées s’est rétablie des engrais et pesticides qu’on y a appliqués et aujourd’hui, la ferme familiale de Kalissa est écologique, prospère et produit des aliments sains et nutritifs. Des voisins ont noté le changement et ont eux aussi amorcé la transition vers l’agriculture biologique.

Le désir de partager son expérience l’a menée loin de sa communauté. À titre de vice-présidente des jeunes du National Farmers Union (NFU), elle a parcouru le pays et est même allée jusqu’au Bénin, au Mali et au Mozambique pour bâtir la solidarité avec d’autres jeunes agricultrices et agriculteurs qui sont en train de réinventer l’agriculture.

« Il est parfois assez déprimant de parler à d’autres jeunes en agriculture. C’est pareil partout dans le monde. L’agriculture familiale disparaît à toute vitesse depuis quarante ans. Et c’est un virage irrémédiable quand l’entreprise familiale est avalée par une énorme ferme industrielle. Mais les jeunes de la NFU voient les choses autrement, ils ont une vision très optimiste de l’agriculture. » Avec l’essor de la demande d’aliments locaux et écologiques, cette nouvelle génération se libère du carcan des produits chimiques coûteux sur le plan financier et environnemental. Elle cultive des aliments biologiques destinés au marché local.

Cela fait des années qu’Inter Pares collabore étroitement avec la NFU. La NFU a été un ardent défenseur de la ferme familiale au Canada, jouant un rôle de premier plan dans la création de La Via Campesina, un mouvement international qui appuie la paysannerie et l’agriculture familiale – c’est maintenant l’un des plus importants mouvements pour la justice sociale dans le monde. Avec des jeunes comme Kalissa dans ses rangs, l’avenir de la NFU est des plus prometteurs.

La terre où il y avait des cultures génétiquement modifiées s’est rétablie des engrais et pesticides qu’on y avait appliqués et aujourd’hui, la ferme familiale de Kalissa est écologique, prospère et produit des aliments sains et nutritifs.

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