Dans leurs mots : des médias autochtones indépendants en Birmanie

Nouvelles : Dans l'actualité

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Le Kachin News Group mène une entrevue au bord de la rivière Irrawaddy, considérée comme le berceau des Kachins, l'un des peuples autochtones les plus importants de Birmanie. Crédit: Kachin News Group

« Le ministère de la SWRR poursuit l’aide humanitaire dans les camps de PDI. « On manque d’eau pour se laver les mains », affirment les camps de personnes déplacées PDI kachin aux prises avec la COVID-19. » La différence frappante entre ces deux manchettes témoigne du gouffre qui sépare les médias subventionnés par l’État et Burma News International (BNI), une association de médias autochtones indépendants appuyée par Inter Pares.

La liberté de presse se bute à d’importants obstacles en Birmanie. Des journalistes se font arrêter, on les accuse d’enfreindre les lois de la censure et on va jusqu’à les torturer; deux rédacteurs de BNI sont présentement visés par des mandats d’arrestation. L’interdiction d’internet dure depuis des mois dans les États d’Arakan et de Chin, ravagés par la guerre, et cela fait craindre que l’armée camoufle des preuves de génocide et de crimes de guerre. Plus tôt cette année, le gouvernement a bloqué des centaines de sites de nouvelles en ligne – dont trois de BNI – prétextant qu’ils diffusaient des fausses nouvelles et ordonné aux fournisseurs internet d’annuler des millions de cartes SIM en pleine crise du coronavirus.

Dans ce contexte difficile, BNI regroupe des médias indépendants de par le pays. L’information est diffusée dans les langues autochtones, par et pour les peuples autochtones, qui représentent 40% de la population du pays. Les nouvelles reflètent leurs réalités et leurs points de vue sur l’actualité, deux éléments qui font cruellement défaut aux médias étatiques et corporatifs. On publie aussi en anglais sur internet pour que l’information atteigne des auditoires non autochtones.


Certains membres de BNI impriment les nouvelles locales pour les Autochtones qui vivent dans des zones rurales où la connexion est faible. Plusieurs animent conjointement Ethnic-Language Television (ELTV), une émission de télé nationale qui apporte les nouvelles, les langues et les points de vue autochtones dans les foyers de tout le pays. À l’heure où l’État mène un projet d’assimilation nationale, ELTV met en lumière la diversité de la Birmanie et affirme par son existence même que les peuples autochtones font partie des débats nationaux.

C’est toutefois dans la liberté offerte par internet que les membres de BNI peuvent frapper le plus fort. Libérés de la surveillance et de la censure de l’État, ils exposent les violations des droits de la personne commises contre les Autochtones. Dans un pays où l’information a longtemps servi d’outil de propagande pour étouffer la dissidence, les médias autochtones utilisent efficacement le pouvoir de l’information pour exposer l’injustice.

Les membres de BNI ont cessé d’espérer que le nouveau gouvernement qui a remplacé la dictature améliore l’accès à l’information. Mais ils persistent – testant de nouveaux canaux de communication; formant des journalistes, notamment des jeunes femmes; et plaidant pour la liberté de presse. Et surtout, ils continuent à produire des nouvelles, pour affirmer leur conviction que la meilleure façon de combattre l’injustice, c’est de la dévoiler.

Dans un pays où l’information a longtemps servi d’outil de propagande pour étouffer la dissidence, les médias autochtones utilisent efficacement le pouvoir de l’information pour exposer l’injustice.

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