Solidarité avec les victimes de stérilisations forcées au Pérou

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Une manifestation à Lima pour dénoncer la politique de stérilisations forcées. Crédit: DEMUS

Inter Pares travaille avec ses homologues péruviens depuis le début des années 1990 afin de mettre un terme à une politique qui a autorisé la stérilisation forcée de centaines de milliers de personnes vivant en milieu rural.

La majorité des victimes de cette politique sont des femmes — souvent autochtones — qui ont subi une ligature des trompes contre leur gré. Alors que la stérilisation forcée a été présentée trompeusement comme une mesure de planification familiale, plusieurs femmes en milieu rural ayant peu accès à des soins de santé ont enduré la souffrance et la maladie toute leur vie en raison des opérations bâclées et des infections subséquentes.

À la suite de la campagne concertée organisée par plusieurs organisations péruviennes, parmi lesquelles comptent le SISAY et DEMUS qui sont deux de nos homologues, cette question a finalement reçu une attention nationale. Le gouvernement péruvien a répondu en établissant un registre national. Graduellement, les victimes de ce crime se manifestent afin de raconter leur histoire et de demander justice.

Le 8 mars, à l’occasion des célébrations de la Journée internationale des femmes tenues à Ottawa, nous avons organisé une séance de photos à notre kiosque afin de livrer des messages de soutien aux victimes de stérilisations forcées au Pérou. Inter Pares a envoyé ces messages (en anglais, français, espagnol et quechua) à nos homologues péruviens qui, à leur tour, les ont partagés avec les femmes, les hommes et les communautés touchés par ce crime contre l’humanité.

Mise en contexte :

Au cours de la période de 20 ans comprise entre 1980 et 2000, le Pérou a vécu un conflit armé interne qui a opposé l’armée péruvienne à divers groupes de guérilleros dont le plus connu reste le Sentier lumineux. Les cas de violation des droits de la personne et des lois internationales en matière d’aide humanitaire ont été nombreux, et environ 70 000 Péruviens — la vaste majorité d’entre eux étaient de jeunes hommes autochtones habitant les provinces montagneuses du Pérou — ont été assassinés ou enlevés. Qu’ils aient été victimes, témoins, survivants ou parents des personnes « disparues » ou assassinées, les Autochtones vivant en milieu rural et les femmes paysannes ont énormément souffert.

L’un des crimes commis durant cette période — qui n’avait reçu que peu d’attention jusqu’à récemment — a été la stérilisation forcée de 300 000 ruraux péruviens, majoritairement des femmes habitant les régions agricoles pauvres. Soumises à un programme de stérilisation à vaste échelle, ces femmes ont bien souvent été contraintes, sous le couvert du mensonge, à subir une ligature des trompes contre leur gré et sans avoir préalablement donné leur consentement.

Ce crime a été commis dans le cadre d’une politique délibérée mise en place par le gouvernement d’Alberto Fujimori visant à combattre la pauvreté et à limiter les naissances chez les ménages défavorisés. Le ministère de la Santé a alors établi des quotas quotidiens pour les équipes médicales, ce qui s’est soldé par la stérilisation forcée, entre 1995 et 2000, de quelque 275 000 Autochtones et femmes pauvres, auxquels s’ajoutent environ 25 000 hommes.

En 2007, Fujimori a été arrêté et reconnu coupable d’accusations de corruption et de violations des droits de la personne. Il n’a toutefois jamais été condamné pour avoir autorisé le programme de stérilisation forcée.

Au cours des dix dernières années, le SISAY et DEMUS, en collaboration avec d’autres organisations de la société civile péruvienne, ont retrouvé 2 704 femmes désireuses de témoigner. En novembre 2015, à la suite d’intenses efforts de sensibilisation et d’éducation sur la question auprès de la population, le gouvernement du Pérou s’est engagé à créer un registre national de victimes.

Cependant, ce registre ne constitue que la première étape d’un long processus menant à la justice. Ceux qui ont commis ce crime doivent s’expliquer et être tenus responsables de leurs gestes. Du reste, les victimes doivent être dédommagées et obtenir réparation — ce qui inclut de recevoir des soins de santé.

Notre impact

Inter Pares envoie des messages de soutien aux victimes de la stérilisation forcée au Pérou

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