Rapport Annuel 2012 d’Inter Pares – Le Canada et le Sud : Forger des liens

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Lors de l’assemblée 2012 du Réseau pour une alimentation durable à Edmonton, Eriel Deranger, de la Première nation Chipewyan de l’Athabasca, a parlé de la beauté de son territoire traditionnel. Elle a aussi parlé de l’impact colossal des dernières décennies d’exploitation des sables bitumineux, qui a entraîné la violation de droits issus de traités de sa nation et compromis non seulement l’écosystème, mais tout le mode de vie de son peuple.

À la même table ronde, on retrouvait Augusta Henriques, de Tiniguena, homologue d’Inter Pares en Guinée-Bissau, qui a parlé des luttes et des succès liés à la protection dans son pays des îles Bijagos, bientôt reconnues comme site du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Même si elle vit à l’autre bout du monde, Augusta a été touchée par le récit d’Eriel et l’histoire de son peuple. Exposée pour la première fois à la situation des peuples autochtones au Canada, elle a ressenti l’indignation d’Eriel, et un fort sentiment de solidarité.

Partout dans le monde, nous avons beaucoup en commun du fait de notre vie sur une même planète et de notre humanité commune. Nous respirons le même air; nous rêvons d’un brillant avenir pour nos enfants; nous admirons une nuit étoilée. Plus que jamais, nous vivons dans un monde interrelié et interdépendant. Partout les systèmes sont mondiaux, que ce soit sur le plan atmosphérique ou économique, virtuel ou réel, climatique ou commercial. Les décisions politiques et les mouvements sociaux d’un pays peuvent avoir des répercussions profondes sur toute une région. La communication est instantanée d’un bout à l’autre du monde et la technologie facilite l’échange d’information comme jamais auparavant. Les gens voyagent et migrent en nombre croissant.

Pourtant, nous ne nous reconnaissons pas toujours dans l’autre, comme Augusta s’est reconnue en Eriel. De plus en plus, le Canada est connu pour ses positions isolationnistes et individualistes plutôt que son esprit de collaboration. C’est maintenant un pays qui s’est retiré de l’accord de Kyoto; qui a voté avec une poignée de pays contre la reconnaissance de l’État palestinien aux Nations Unies; et qui a permis aux inégalités de se creuser sur son propre territoire.

Malgré ce contexte, Inter Pares observe que bien des gens au Canada et partout dans le monde ont les mêmes priorités de justice sociale : les droits des femmes, la justice économique, les soins de santé universels, la souveraineté alimentaire et le respect et la dignité pour toutes et pour tous. Et plusieurs d’entre nous qui vivons au Canada connaissons les liens profonds entre la quête d’une société humaine et compatissante ici au pays et ailleurs dans le monde. Nos rêves d’un avenir meilleur transcendent les frontières.

Ces liens signifient parfois que nous menons les mêmes luttes.

Au Canada, les Premières nations luttent pour leur autodétermination et le contrôle des ressources dans leurs collectivités, à l’instar des collectivités au Ghana et en Guinée-Bissau.

La population canadienne demande le leadership du fédéral dans l’application du principe d’universalité de l’accès aux soins de santé, à l’instar de celles qui plaident pour la santé des femmes aux Philippines.

Au Canada et en Inde, des agricultrices et des agriculteurs biologiques s’élèvent contre les dangers des organismes génétiquement modifiés. Le contexte diffère. Le combat est le même.

Souvent, ce qui arrive là-bas est étroitement lié à ce qui se passe ici. Les droits des personnes migrantes venues gagner leur vie au Canada sont directement touchés par nos lois et nos politiques régissant les programmes des travailleurs étrangers temporaires. La piètre situation de plusieurs collectivités touchées par les activités minières dans le Sud est liée au manque de normes et de réglementation imposées aux entreprises minières canadiennes œuvrant à l’étranger. Dans d’autres pays, la survie de programmes importants et efficaces pour la justice sociale, financés par les contribuables du Canada, est à la merci des perpétuelles fluctuations des politiques canadiennes en matière d’aide internationale.

Ce Rapport annuel contient des récits de courage et de conviction, il donne un aperçu des liens qui existent entre le travail d’Inter Pares pour la justice sociale au Canada et dans le Sud. Avec votre soutien, nous continuons à faire cause commune dans le monde. Inter Pares prône un rôle internationaliste pour le Canada : un rôle qui cultive la solidarité, où nous agissons avec compassion et bonté, et rejetons l’isolationnisme, le militarisme et l’individualisme.

Partagée par celles et ceux qui nous appuient, cette approche ouverte sur le monde est plus importante que jamais.

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