Augusta Henriques, Tiniguena

Augusta voue une véritable passion à la Guinée-Bissau, un pays situé à la frange ouest de l’Afrique. Au début des années 1970, elle vient d’obtenir son diplôme universitaire. Inspirée par l’indépendance retrouvée de son pays et par sa fierté nationale, elle rentre donc chez elle pour se joindre au travail d’alphabétisation du célèbre Paulo Freire en région rurale.

Quand le jeune pays désargenté et croulant sous les dettes de l’ère coloniale commence à délaisser son rôle dans le développement rural pour le confier à des ONG étrangères, cela secoue Augusta. Elle réalise que ce dont le pays a besoin, c’est d’une organisation populaire pour travailler avec les collectivités rurales. En 1991, elle cofonde Tiniguena, dont le nom signifie « cette terre est à nous », pour aider la population bissau-guinéenne à gérer les abondantes ressources naturelles et culturelles du pays, et à bâtir l’avenir ensemble.

C’est ce travail qui fait naître la passion d’Augusta : soutenir la parole des femmes et leur droit à la terre. Elle est en colère que les femmes n’aient pas le droit de posséder la terre ou d’en hériter, quand c’est elles qui la gèrent et la font fructifier pour nourrir leur famille et leur collectivité. Elle est en colère que leur parole soit si peu entendue sur la scène politique, quand elles démontrent autant de leadership naturel. Augusta s’est donné la mission de contester ces traditions patriarcales qui occultent le leadership des femmes et leurs droits.

Tiniguena travaille à promouvoir le leadership des femmes et leur parole dans les collectivités rurales et à faire reconnaître leur droit à la terre. Ainsi, dans l’aire marine protégée d’Urok dans les îles Bijagos, c’est souvent les hommes qui dominaient la structure de gouvernance locale. En créant un conseil des jeunes et un conseil des femmes, Tiniguena soutient les nouvelles femmes leaders et aide à établir leur autorité parmi les autres leaders.