Faire le pont entre les luttes

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De gauche à droite : Mildrey Corrales (PCS), Mauricio Albarracín et Marcela Sánchez (Colombia Diversa) avec Bill Fairbairn (Inter Pares). Crédit: PCS
La vie est un fleuve plein de méandres, avec des courants qui se croisent, des défis et d’heureux hasards qui façonnent nos choix etnos parcours. Dans le sud de l’Ontario où j’ai grandi dans les années 1960, je ne connaissais aucun autre gai et j’étais sûr d’être le seul. C’est ce sentiment de profonde exclusion qui m’a amené à quitter mon coin de pays.
 
Ma quête m’a d’abord mené en Belgique et en France, où j’ai rencontré des réfugiés qui fuyaient les régimes militaires au Chili et en Argentine. J’ai été bouleversé par ce qu’ils m’ont raconté – leurs histoires sont à l’origine de mon éveil politique et d’un engagement envers l’Amérique latine qui perdure aujourd’hui. Au début des années 1980, j’ai fait une session d’études au Guatemala. Le pays était alors à la veille de la dictature du général Rios Montt, l’époque la plus brutale du conflit armé interne. J’ai vu de mes propres yeux des recruteurs de l’armée sortir de force de jeunes Autochtones des autobus et on m’a parlé de la répression croissante.
 
De retour au Canada, des amis étudiants à l’Université de Guelph et moi avons formé un groupe de solidarité avec l’Amérique latine. Cela a coïncidé avec ma sortie du placard en tant qu’homme gai ainsi qu'un engagement dans le mouvement émergent qu’on appelle maintenant le mouvement LGTBQ2 (lesbienne, gai, trans, bisexuel, queer et bispirituel).
 
En tant que militant étudiant puis membre du personnel d’une coalition canadienne pour les droits de la personne, j’ai participé au travail de sensibilisation à la violation généralisée des droits humains dans toute l’Amérique latine. Lors de visites fréquentes au Chili, au Pérou et en Colombie, j’ai rencontré des victimes de torture ou des gens à la recherche de leurs proches disparus, et j’ai contribué à mettre leurs récits en lumière, notamment à la Commission des droits de l’Homme des Nations Unies.
 
À quelques exceptions près, le travail des défenseurs des droits humains que je côtoyais dans mes voyages ne portait pas sur des enjeux LGBTQ2. Mais la souffrance était là, et en parallèle le mouvement se renforçait. Ces appels
à la justice – dans les deux cas, profondément ancrés dans la lutte pour les droits humains – ont commencé à se croiser plus souvent et plus intensément dans ma vie.
 
J’ai souvent constaté combien les luttes se renforcent quand les gens s’unissent, le coeur et l’esprit ouverts, pour s’écouter et apprendre les uns des autres. Il faut pour cela que chaque personne identifie et admette ses privilèges, de même que les multiples couches d’oppression qui peuvent toucher les personnes marginalisées à divers égards. Ceci est l’intersectionnalité en action. Dans mon cas, composer avec ma propre marginalisation et remettre en question le statu quo que cela implique a été un facteur clé de mon identification à d’autres luttes pour la justice sociale.
 
Mes convictions cadrent avec la philosophie d’Inter Pares. Notre engagement envers des luttes à long terme, la façon dont nous tissons des liens, nos efforts pour briser l’isolement entre mouvements, tout cela est au coeur même de notre travail. Remettre en question les attitudes et comportements genrés est un pas important vers le démantèlement des causes profondes et structurelles de la discrimination et l’oppression – et vers la dignité pour toutes et tous.
 
Bill Fairbairn est gestionnaire de programme pour l’Amérique
latine à Inter Pares depuis 2011.

 

J’ai souvent constaté combien les luttes se renforcent quand les gens s’unissent, le coeur et l’esprit ouverts, pour s’écouter et apprendre les uns des autres.

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