L’avenir de la solidarité internationale

Nouvelles : Analyses

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Featured Speakers at Inter Pares 40th anniversary
Les conférencières et conférencier invités lors de l’événement 40e anniversaire : Diana Bronson, Aline Zongo, Pilar Trujillo et Paul Sein Twa. Crédit: Susanne Ure

« Quel est le plus gros obstacle à la mondialisation de l’égalité? » Voilà la question posée, en avril dernier, à quatre homologues d’Inter Pares, quatre conférencières et conférenciers invités à notre quarantième anniversaire. Manque de volonté politique. Mainmise des sociétés sur les ressources naturelles et les processus politiques. Intérêts individuels prévalant sur l’intérêt général. Militarisation croissante et violations des droits de la personne. Ces réponses nous rappellent les importants défis que nous rencontrons sur notre parcours collectif.

L’histoire du conférencier Paul Sein Twa les résume parfaitement. Enfant, il a grandi dans un village de Birmanie, situé sur les berges de la majestueuse rivière Salouen. Le village subsistait grâce à ses eaux poissonneuses et aux abondantes ressources des forêts de teck qui longent la rive. En 1989, la dictature birmane a entrepris de vendre la forêt à une poignée d’entreprises qui ont rapidement commencé sa coupe à blanc pour en exporter le bois, causant l’érosion des berges, la diminution des stocks de poissons et la détérioration des moyens de subsistance. Ce pillage a permis à la junte militaire d’acheter des armes et aux forces armées d’utiliser les routes tracées par les sociétés forestières pour attaquer, de façon indiscriminée, les civils et les combattants de la résistance réfugiés dans la forêt dense. Quant aux pays dont les fabricants ont fourni les armes au régime ou dont les compagnies forestières ont bénéficié de la situation, ils n’avaient aucun intérêt à intervenir.

Pour leur part, nos homologues sont plus stimulés qu’abattus par l’ampleur des défis. Après avoir fui son village, Paul a rejoint les rangs de jeunes militantes et militants avec lesquels il a créé le Réseau karen pour l’action sociale et environnementale. Travaillant de pair avec les communautés, ce réseau contribue à protéger leurs terres ancestrales, trouver des moyens de subsistance et promouvoir la culture locale. D'autres homologues ont été, eux aussi, appelé à agir dans leur propre région, que ce soit en Afrique de l'Ouest, en Amérique latine ou au Canada.

Pendant quarante ans, Inter Pares s’est attelée à établir des relations de longue durée fondées sur la confiance mutuelle, le soutien et la solidarité entre des personnes et des organisations qui œuvrent pour changer leur culture et leur société de l’intérieur. Le changement social doit naître de l’action des individus dans leur milieu, par leur participation active à la recherche des moyens de renverser les injustices subies. Depuis notre création, nous avons travaillé avec ces leaders issus des communautés locales, en offrant notre solidarité et en faisant avec eux cause commune.

Cela nous mène aussi à devenir des agents de changement dans notre propre pays. Jour après jour, nous élargissons le cercle des Canadiennes et de Canadiens mobilisés, prêts à montrer leur appui par leur contribution financière et leur soutien moral; nous revendiquons des politiques gouvernementales responsables et la reddition de compte des entreprises et nous mettons en relation nos homologues d’ailleurs avec des militantes et militants d’ici.

Au cours de quatre décennies, nous avons été témoins de changements remarquables dans les pays où nous travaillons. Des dictatures sont tombées. Des conflits armés ont pris fin. Des réfugiés sont rentrés chez eux. Des lois pour la protection des droits civils et de la personne ont été adoptées. La santé publique s’est améliorée. Pourtant, et bien que la vie de millions d’individus se soit améliorée, la lutte a pris un autre visage. De fait, les structures militaires survivent aux conflits; la démocratisation réelle reste un objectif lointain. Certains droits sont acquis, d’autres sont à risque. Les plus vulnérables sont davantage exposés aux problèmes de santé. Mondialiser l’égalité, pour que tous les habitants de la planète réalisent leur potentiel, est un combat sans fin.

C’est pourquoi nous envisageons l’avenir avec confiance, sachant que les gens se retrouveront toujours pour combattre les injustices et lutter pour la paix et la justice, convaincus que nous avons d’ores et déjà jeté les assises du monde que nous voulons créer ensemble. L’avenir de la solidarité internationale, c'est ici et maintenant.

Au cours de quatre décennies, nous avons été témoins de changements remarquables dans les pays où nous travaillons.

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