Le sondage sur les musulmans au Canada 2016

Nouvelles : Analyses

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une femme à son ordinateur

The Survey of Muslims in Canada 2016, publié (en anglais seulement) le 27 avril par l'Institut Environics, confronte les stéréotypes les plus courants en explorant les expériences, les opinions et les perceptions des Canadiens musulmans. Appuyé en partie par Inter Pares dans le cadre de notre travail sur les libertés civiles, ce sondage fut le premier du genre depuis un exercice similaire mené par Environics en 2006.

Ce sondage démystifie l'image des Canadiens musulmans – estimés à plus d'un million et en rapide croissance – comme étant une communauté fermée, suspecte et xénophobe. La participation des musulmans lors de l’élection fédérale d’octobre 2015 était de 79%, plus élevée que celle de la population en général. 83% sont « très fiers » d'être Canadiens, comparativement à seulement 73% des non-musulmans, et 94% ressentent un « très fort » ou « fort » sentiment d'appartenance ici. Les principales préoccupations de la plupart des musulmans sondés sont l'économie, le coût de la vie et le chômage, très semblables à celles des Canadiens non-musulmans également interrogés. Ce qu’ils apprécient moins du Canada? La météo.

Le sondage soulève également des enjeux inquiétants. Le plus important est celui de la discrimination et des mauvais traitements de la part d’autrui. Seulement 3% ont déjà entendu parler de mosquées prêchant la radicalisation, mais 35% des répondants ont personnellement été victimes de discrimination au cours des cinq dernières années. Les femmes ont été particulièrement touchées par cette discrimination (42% contre 27% des hommes), comme l'a récemment détaillé Sheema Kharma dans son excellent article dans The Globe and Mail; ce préjugé quotidien démontre que l'optimisme n’est pas équitablement partagé selon les sexes.

Dans l'ensemble, cependant, 90% des répondants sont optimistes au sujet du nouveau gouvernement fédéral afin qu’il améliore la situation – mais ils croient également que les futures générations de Canadiens musulmans feront face à une discrimination encore plus importante qu'à l'heure actuelle. Le projet de loi C-51, qui a radicalement élargi les pouvoirs arbitraires des agences de sécurité en 2015, est une préoccupation sérieuse. Les stéréotypes persistent, tel que l'ont révélé 7% des non-musulmans qui croient que «la plupart ou beaucoup de» musulmans Canadiens soutiennent l'extrémisme violent; seulement 1% des musulmans sont d'accord.

Les répondants ont été interrogés peu après l'arrivée d'une nouvelle administration au pouvoir entre novembre 2015 et janvier 2016, ce qui aurait pu accroître l'optimisme et la fierté de l'identité canadienne. Le sondage est très utile comme outil général de démystification des stéréotypes, mais pour ce qui est des formulations de politiques, il nous fournit qu’un point de départ pour des discussions. Il n'explore pas, entre autres, les impacts qu’ont les profilages raciaux, le harcèlement par la police et les agences de sécurité, les listes très obsolètes d’interdiction de vol, la détention arbitraire et le déni d'une procédure régulière, sur la cohésion communautaire et sur les familles musulmanes – encore en cours au Canada. Les disparités qui ont émergé entre les expériences des femmes et celles des hommes sont troublantes et devraient également être étudiées. Mais le fait que la majorité des Canadiens musulmans sont toujours attachés à un Canada, qui les a longtemps traités comme boucs émissaires, témoigne de leur tolérance et de leur générosité, et donne l'espoir pour une discussion que nous avons tous besoin d'avoir.

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