Le peuple chin en Birmanie a leur mot à dire sur leur avenir

Nouvelles : Analyses

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La ville d’Aizawl
Birmanie: La ville d’Aizawl Crédit: David Bruer

Au nord-est de l’Inde, dans l’état du Mizoram, la ville d’Aizawl bâtie à flanc de montagne semble suspendue dans l’espace, tant la région est accidentée. Ce terrain montagneux se prolonge au-delà de la frontière birmane jusque dans l’état Chin. Ce dernier abrite toute une mosaïque de peuples qui, bien que regroupés sous l’appellation « chin », s’expriment dans des langues différentes et appartiennent à des cultures distinctes. Malheureusement, ils se retrouvent unis dans l’adversité, en raison du traitement brutal que leur inflige le pouvoir militaire. En effet, les régimes militaires qui se sont succédé en Birmanie ont traité les minorités ethniques comme si elles étaient rétrogrades ou constituées de rebelles ou de bandits. À l’heure actuelle, l’état indien du Mizoram accueille plus de 60 000 réfugiés chin qui ont fui les violations des droits de la personne dont ils étaient victimes chez eux.

L’état Chin regorge de ressources naturelles avec son important potentiel hydro-électrique, minier et forestier. Comme dans les autres états à majorité ethnique, le régime birman se hâte d’exploiter les ressources. De nouveaux projets sont annoncés régulièrement : un barrage par-ci, une mine par-là, un nouveau projet d’agriculture à grande échelle octroyé à telle entreprise étrangère.

Les Chins, qui occupent ces terres depuis des millénaires, n’apprennent souvent l’existence de ces projets qu’au moment où les soldats surgissent chez eux pour leur ordonner de quitter leur territoire afin de permettre la construction d’un réservoir ou l’exploitation d’une mine. Indemniser ces populations pour la perte de leurs terres ou de leurs moyens de subsistance ne fait jamais partie des plans du projet.

Depuis plus de quinze ans, Inter Pares apporte son appui à des organisations comme la Chin Human Rights Organization (CHRO), contribuant à renforcer son aptitude à documenter et à dénoncer les violations des droits de la personne. En tant que membre du mouvement Asia Indigenous Peoples Pact, CHRO a amélioré sa capacité d’étudier les projets d’exploitation des ressources ainsi que leurs impacts sur la population et est en meilleure position pour aider les villageois à réclamer la prise en compte de leurs intérêts. À titre d’exemple, le projet d’exploitation du fleuve Kaladan permettra de relier la ville indienne de Kolkata à l’état du Mizoram en passant par l’état Chin, ce qui se solderait par d’énormes retombées économiques pour l’Inde. Or, une bonne partie du projet est réalisée sur des terres confisquées et par le recours au travail forcé imposé à des villageois chins. CHRO coordonne son action avec d’autres groupes birmans pour dénoncer le projet, non pas pour y mettre un terme, mais pour mettre fin aux violations et assurer aux Chins des bénéfices tangibles.

La récente évolution de la situation politique en Birmanie est prometteuse; cependant, les groupes ethniques marginalisés comme les Chins doivent avoir la possibilité d’être entendus pour que cette transformation soit juste et viable et qu’elle aboutisse une à paix durable dans le pays.

Les Chins […] n’apprennent souvent l’existence de ces projets qu’au moment où les soldats surgissent chez eux pour leur ordonner de quitter leur territoire afin de permettre la construction d’un réservoir ou l’exploitation d’une mine.

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